Argo fuck yourself

Mais qu'arrive-t-il donc à Ben Affleck pour devenir aussi talentueux ? Pour son troisième passage derrière la caméra, il s'intéresse à la reconstitution historique et narre les évènements survenus en Iran au tout début des années 80 où un agent de la CIA spécialisé dans l'exfiltration va essayer d'extraire du pays six membres de l'ambassade américaine recherchés par la milice iranienne en les faisant passer pour des membres d'une équipe de tournage. Mais il faut pour cela créer de toute pièce un faux film et tout ce qui se cache derrière. Un sujet intéressant, qui fut aussi réel qu'improbable, que le réalisateur va maîtriser d'une main de fer...

Avant tout, Argo possède une mise en scène des plus brillantes, la reconstitution de la fin des années 70 étant sobre mais bluffante tandis que l'interprétation est d'une rare efficacité. Le casting judicieusement sélectionné nous propose une galerie de personnages au départ difficiles à cerner mais très rapidement attachants, des personnages allant du responsable de l'exfiltration (Affleck himself, tout en retenue, une interprétation rêvée) au producteur du faux film (Alan Arkin, comme d'habitude hilarant), au maquilleur (John Goodman, toujours autant à l'aise dans n'importe quel rôle) sans oublier les six membres de l’ambassade américaine terrorisés à l'idée de sortir en plein jour et de se faire reconnaitre.

Ces derniers sont peu identifiables au premier abord mais finissent par le devenir une fois la mission amorcée. Scindé en deux parties (l'une consistant à présenter l'intrigue et à échafauder le plan d'évasion tandis que la seconde est la préparation des six Américains par notre héros de la CIA puis leur échappée risquée), le scénario se voit agrémenté d'un certain humour, principalement prodigué par le génial Alan Arkin et ses répliques fumantes mais aussi d'une réelle émotion, une touche désormais récurrente dans les films réalisés par Affleck.

Ce dernier parvient à rendre cette histoire palpable, passionnante voire même hypnotisante grâce à une interprétation hors-pair, un sens aigu du rythme et une mise en scène réaliste tout en pudeur. Les quelques moments de tension, intervenant surtout à la fin du film, sont d'une intensité et d'un suspense haletants, s'additionnant aux nombreuses qualités de ce film à la fois original et divertissant qui prouve une fois encore que Ben Affleck a plus d'un tour dans son sac.