J'avais déjà vu un téléfilm plutôt réussi sur le sujet, cette approche documentaire est évidemment différente mais tout aussi intéressante. Certes, « Arletty-Soehring : hélas, je t'aime » ne se base que sur le schéma narratif que de réciter à voix haute les lettres des deux amants (logique, il est inspiré d'un livre regroupant leur échange épistolaire), se répondant avec une élégance, une passion auxquelles il est difficile de rester insensible. Mais il a surtout un avantage non négligeable : ne pas entendre la diction si irritante de Frédéric Mitterrand, restant, une fois n'est pas coutume, relativement discret, se contentant d'assurer les transitions dans la narration des événements.
Même si l'on peut se lasser un peu sur la durée, voir les différentes étapes de cet amour aussi profond que sincère, largement plus important pour eux que la guerre qui les entoure et leurs « nationalités ennemies » (Soehring n'avait rien d'un nazi comme on peut l'imaginer) a quelque chose de fort, montrant, mine de rien, l'absurdité de cette guerre et l'esprit détestablement revanchard de nombreuses personnes à la Libération. La présence des lettres, d'observer l'écriture de l'un et l'autre, ainsi que d'apprendre l'existence de personnes ayant joué un rôle important dans cette histoire, notamment du côté d'Arletty, est également un réel plus, la matière de filmer les endroits où ont eux lieu les différents événements apparaissant plus superficiels. Ce qui n'enlève rien à la pertinence, à la justesse de l'entreprise, reflet d'une époque et d'un amour que l'Histoire aura rendu impossible. Un peu limité par sa démarche formelle, donc, mais touchant.