Les montagnes de l’Afghanistan sont maudites, elles se laissent envahir pour mieux jeter un sort à leur envahisseur.
Si l’Irak est trop loin de l’Occident, l’Afghanistan l’est bien plus, seules les caméras pensent à se tourner vers ce pays, c'est pourquoi chaque soldat américain porte une caméra sur son casque, pour ne jamais qu’il oublie où il se trouve.
Pays de montagnes presque sans grâce où dieu semble attendre après l'homme pour commencer enfin son travail de création.
Chaque garnison américaine à l’étranger semble être une frontière de bout du monde, au milieu des matières brutes et des morts, un avant-poste dans la galaxie infinie qui finira par demander que tous les hommes de la patrie soient utilisés pour ces garnisons.
Les généraux traitent les soldats occidentaux en Afghanistan comme des touristes qu’il faut réconforter mais qu’il faut aussi envoyer au front et à l’attaque, ils les ménagent et les sacrifient alternativement.
C'est comme si les soldats américains devaient se forcer de s’imaginer dans des missions risquées, se mettaient en danger pour ressentir un peu du frisson de la guerre quand ils pourraient se permettre de n’avoir aucune victime. À la fin de chaque escarmouche ils se félicitent comme des partenaires dans un jeu vidéo.
Qu'est-ce que les soldats attendent pour porter enfin un casque, s’imaginent-ils encore avoir la moindre individualité ? Se prennent-ils pour des demi-dieux à vouloir laisser leur visage à l’air ? De toute manière leurs traits sont cachés par des lunettes de soleil.
L’écart se creuse toujours plus entre l’intelligence des soldats et celle de leur armement.
Toute l’unité américaine s’arrêterait de combattre au moindre blessé pour s’énquérir de sa santé, à cause de ces stupides films propagandistes qui ont fini par s’imposer dans le mental des troupes et qui leur mettent trop d’émotions dans la tête.
Les hélices des hélicoptères les rendent trop tremblants, effrayés d'être dans les airs.
Le moindre caillou peut cacher une bombe mais les arbres n’ont aucune valeur.
Population aussi étonnée que ses vaches et ses chèvres par tant d’armes passant près de leurs villages sans or ni pétrole, étonnés même après trois décennies de lutte, comme si c’était toujours la première fois qu’ils voyaient les Américains, qu’ils ne s’y feront jamais.