Avant de découvrir le Fabelmans de Spielberg, et après le très mauvais Belfast de Branagh (le contraire aurait été surprenant vu la filmographie pathétique du monsieur), ou encore le sublime Licorice Pizza d’Anderson (mon coup de cœur de l’année), James Gray propose à son tour un film s’inspirant de sa jeunesse. Il nous conte l’histoire d’un jeune ado dans le Queens, à New-York, qui rentre au collège, et va s’aventurer sur le chemin tout aussi fabuleux que douloureux de la vie, et de la difficulté de faire des choix, et de les assumer.
J’y ai retrouvé un peu de cette atmosphère décalée qui faisait le charme du film de Paul Thomas Anderson, celui d’une histoire racontée à hauteur d’enfant, le jeune garçon étant un électron libre qui fonce tête baissée dans l’inconnu avec une énergie qui fait plaisir à voir et rappelle la facilité avec laquelle, au même âge, on sautait à pied joint dans les conneries, trop pressé de grandir pour prendre avec sérieux les recommandations des adultes.
L’ambiance n’est cependant pas à la comédie, mais au drame, comme si l’auteur refusait d’apporter un regard nostalgique et doux, voulant davantage expier les décisions de son jeune héros que faire l’apologie d’une époque révolue, comme une lettre d’excuse pleines de regrets. Il jette un regard acerbe sur cette Amérique reaganienne qui allait finir d’ériger définitivement l’individualisme comme modèle à suivre, et sur les (mauvais) choix de cet enfant paumé dans un monde dont il a du mal à appréhender les règles.
En résulte un film où l’émotion peine à percer, comme un soleil caché derrière des nuages gris trop épais (ce qu’on pourrait regretter), mais c’est fait avec tellement de tact, par petites touches délicatement superposées, comme autant de coups de pinceaux sur un tableau vierge, que ces 2h passent bien trop vite et qu’on en redemande.