Le casting nous faisait tourner la tête comme une étoile filante qui transpercerait le ciel, mais Armageddon Time, s'il ne s'écrase pas complètement, est pour notre part une déception pour un cinéaste qui d'habitude nous plaît bien. On a l'impression que James Gray a perdu de sa finesse narrative, et raconte son histoire (qui fait envie, avec ses messages de tolérance et d'enfant qui grandit) avec une mise en scène qui réfléchit à notre place, ce qui est très désagréable. On s'aperçoit vite qu'on est devant un drame gorgé d'assistance mentale : vous n'êtes pas capable de comprendre que la scène est triste ? Pas de problème : voici un gros plan totalement gratuit sur la mère qui pleure à outrance (avec notamment cette scène dans le parc où elle hoquète en gros plan - Anne Hathaway en surchauffe - pour souligner que ce qu'il se passe sur le banc est tragique, ce qu'on avait compris, mais on se questionne plutôt sur la justification de sa présence). Vous n'arrivez pas à savoir s'il faut être ouvert d'esprit ? No problem again : on vous propose le discours bienpensant et niais du papy qui explique au gamin quoi penser de la question du racisme. On aurait tellement préféré que le petit le comprenne tout seul. Autrement, l'ambiance rétro est bien rendue, Jeremy Strong est à l'aise dans son rôle de papa trop stricte, Anthony Hopkins semble fatigué (en-dehors de ce que lui demande son rôle, on s'entend), Anne Hathaway pleure à grandes eaux en plans serrés (et c'est tout), et Banks Repeta a tout de même une bonne tête (il passe bien à l'écran, il faudra juste passer la seconde sur son jeu d'acteur). Le fonds de l'intrigue est louable, avec ses messages anti-haine et anti-violence, en suivant un jeune garçon qui tente de grandir dans une famille au papa violent et au papy au seuil de la mort, et plongé dans un contexte sociétal raciste qui n'est pas facile. On était prêt à l'adorer, ce film, mais on a vite compris que Armageddon Time n'arrêterait pas de penser à notre place. Deux heures de drame pompeux et d'assistanat intellectuel.