Écrivain très prolixe, Philippe Besson a pourtant encore été très peu adapté au cinéma (beaucoup plus à la télévision), bien qu’il ait participé à l’écriture de pas mal de films, téléfilms ou pièces de théâtre. « Arrête avec tes mensonges » corrige le tir, d’autant plus que c’est un roman autobiographique, en revisitant l’histoire de son premier amour. Le long-métrage reprend donc la même construction que le roman original, alternant récit du présent et flashbacks du passé. D’un côté, on a donc le retour d’un écrivain dans sa région natale (Besson lui-même donc) qui provoque des réminiscences de son passé de lycéen lorsqu’il voit le fils de son premier amour. Et de l’autre, on a ces retours en arrière figurant ledit amour. On sent très bien ici la base manuscrite du scénario, que le domaine littéraire plane au-dessus du film et l’enrobe constamment. Le matériel écrit à la base faisant d’ailleurs très probablement office d’exutoire ou de catharsis. Et « Arrête avec tes mensonges » d’être une sorte de miroir de sa vie en somme. Ce genre de procédé a déjà été maintes fois vu mais il est pleinement en adéquation avec ce que raconte ce film. Ce n’est jamais pesant ou maladroit dans la symbolique et ce qui aurait pu être une psychanalyse chiante est plutôt une œuvre agréable, belle et divertissante quoiqu’éminemment classique.
Les flashbacks représentant les souvenirs de ce premier amour sont très réussis. Peut-être même davantage que les scènes du présent pourtant plus nombreuses. Elles sont le cadencier du présent, celles qui permettent aux autres scènes d’exister et d’être touchantes, tout autant que pleines de sens. Ces amours interdites, sont superbement filmées, sans verser dans le trop ou le pas assez. Peyon a trouvé l’équilibre parfait dans sa représentation de l’amour gay adolescent et on y croit parfaitement. Leur intensité délivre un très agréable parfum de nostalgie. En revanche, le déroulement de celles dans le présent est plus programmatique à quelques exceptions près. Un petit rebondissement inattendu en moitié de film est plutôt réussi et permet une belle scène de confrontation ainsi qu’il autorise quelques saillies d’humour bienvenues grâce à Guilaine Londez. Celle-ci, dans un rôle pas aussi caricatural qu’on ne le pensait, apporte donc fraîcheur, surprise et un peu de légèreté et de rires au film. Guillaume de Tonquédec est également très à l’aise dans un rôle plus sensible et dramatique qu’à l’accoutumée et Victor Belmondo lui fait face de jolie manière. Notons tout de même, une bande sonore un peu incongrue par moments tant elle ressemble à celles des publicités pour des voitures ou des assurances, un peu en mode electro chill. En somme « Arrête avec tes mensonges » est un joli film, réalisé proprement, dont l’adaptation est simple et efficace bien qu’elle ne nous transcende pas non plus.
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