Le réalisateur Olivier Peyon adapte le best-seller de Philippe Besson. L’ensemble est ennuyeux, plat, trop appuyé et fait avec la délicatesse d’un marteau-piqueur. Du film, il ne ressort que les interprétations justes et sensibles des comédiens, Victor Belmondo en tête.
Le romancier Stéphane Belcourt a accepté de parrainer le bicentenaire d’une célèbre marque de cognac. C’est l’occasion de revenir pour la première fois dans la ville où il a grandi. Sur place, il rencontre Lucas, le fils de son premier amour. Les souvenirs affluent : le désir irrépressible, les corps qui s’unissent, une passion qu’il faut taire. Ce premier amour s’appelait Thomas. Ils avaient 17 ans.
Olivier Peyon est le réalisateur de ‘Tokyo Shaking’ avec Karin Viard sorti il y a deux ans et passé relativement inaperçu, mais critiqué par votre serviteur et assez positivement si ma mémoire est bonne. Le metteur en scène y évoquait le tsunami japonais de 2011, son impact sur les entreprises et plus particulièrement sur la filiale japonaise d’une banque française. Le film n’était pas totalement réussi mais avait le mérite de parler d’un sujet intéressant et non-traité par le cinéma français.
‘Arrête tes mensonges’ est tout aussi inabouti, inégal mais cette fois, le sujet n’est pas franchement neuf. Comme le souligne Le Figaro dans sa critique, le film manque d’originalité et ce qui est dit sur l’amour de jeunesse, l’amour caché, l’amour passionné est vraiment convenu. On a déjà vu ça mille fois. Peyon fait le choix du mélodrame, qu’il ne réinvente pas. Des larmes, des larmes, encore des larmes et puis l’apaisement. Original !
D’autant plus qu’Olivier Peyon ne fait pas vraiment le job. Il est à la fois coscénariste et metteur en scène. Question scénario, le film est d’une qualité d’écriture assez médiocre. Les dialogues sonnent assez faux. On entend « Putain ! » toutes les trois répliques. Et franchement qu’en on écoute ce qu’il dit, on a peine à croire le personnage de l’écrivain tant ses répliques sont creuses et tocs, et plus particulièrement son discours final.
Question réalisation, c’est au mieux à l’avenant, au pire à la truelle. Combien de plans de drones, combien de dialogues filmés en champs-contrechamps ? Si on est indulgent, on dira que la mise en scène est fonctionnelle, au service de l’histoire. Mais les plus sarcastiques pourront constater qu’Olivier Peyon n’a que peu de savoir-faire. Les flashbacks coupent l’action et s’insèrent laborieusement dans l’histoire grâce à des fondus au blanc. Les scènes de sexe, notamment la première qui est vraiment gênante, sont mal filmées. Et la musique, omniprésente, est insupportable. Elle est violoneuse à souhait pour mieux appuyer les larmes, les engueulades, les souffrances.
Pourtant, et en dépit de l’indélicatesse du metteur en scène, les acteurs se débrouillent plutôt bien et apportent la touche d’émotion du film. Guillaume de Tonquédec est pour une fois sobre (Ouf !). Il semble enfin s’être débarrasser de son sempiternel personnage de Renaud Lepic qui lui colle à la peau. Guilaine Londez, souvent cantonnée aux seconds rôles comiques et qui prend de plus en plus d’importance ces dernières années, est très juste. Mais ce sont les interprétations des jeunes comédiens qui m’ont davantage marqué. Jérémy Gillet, dans le rôle de l’écrivain jeune dans les flashbacks, est très bien. Son personnage est pour le coup assez bien écrit. D’abord réservé, il prend de l’aisance au fil de sa relation sentimentale et en devient le moteur. Mais j’ai été assez surpris par l’interprétation de Victor Belmondo. J’avoue être allé voir le film pour lui, pour voir ce que le petit-fils de Bebel valait en temps qu’acteur. Son interprétation est sensible, touchante.
Hélas, toutes ces remarques positives, que je viens de faire quant aux acteurs, ne sauraient masquer la lourdeur de la réalisation, la mise en scène lisse et l’histoire assez convenue. On ne saurait donc conseiller le film à des amis. L'ensemble est relativement ennuyeux.