Horreur judiciaire
Rétablissons tout de suite un mensonge éhonté relayé par ce film : non, la circulation Nice- Grasse en taxi est loin d'être aussi fluide et la course vous tirera des poches bien plus que 60€,...
le 28 mai 2016
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Rétablissons tout de suite un mensonge éhonté relayé par ce film : non, la circulation Nice- Grasse en taxi est loin d'être aussi fluide et la course vous tirera des poches bien plus que 60€, croyez-moi.
Autrement, Arrêtez-moi là est un excellent film, très habilement réalisé, porté par un Reda Kateb au sommet de son art. Il incarne ici un (trop) gentil chauffeur de taxi qui, à la suite de Joseph K du Procès, se retrouve soudain englouti par la machine judiciaire qui veut faire de lui le coupable idéal d'un enlèvement d'enfant. Le long-métrage de Gilles Bannier rend parfaitement compte du rouleau-compresseur qui s'abat sur l'individu peu rompu à l'exercice de la défense et que tout, en apparence, paraît accuser.
Reda Kateb est un acteur qui porte une puissante ambiguïté physique dans le visage qui lui permet, en l'espace de quelques instants, de revêtir un masque menaçant ou angélique. J'avais déjà noté cette étonnante particularité dans le très bon Qu'un seul tienne et les autres suivront où il était déjà ce personnage duel, subtil et complexe, à la douceur parfois trompeuse.
Le spectateur sait ici dès le début que le chauffeur de taxi niçois n'a strictement rien à voir avec cette sombre affaire de disparition et pourtant, vu de l'extérieur - juges d'instruction, policiers patibulaires - on pourrait presque comprendre les soupçons qui le mettent à l'index tant son attitude fonde le doute, tant son discours paraît incertain.
Le scénario très intelligent réserve son lot de surprises et de coups de théâtre, qui entretiennent avec brio l'intérêt du spectateur. La poétique de l'enfermement et de la peur est extrêmement bien rendue et l'on goûte fort de voir notre point de vue dérouté par une mise en scène maligne, une photographie de nuit léchée et un jeu d'acteurs très convaincant (étonnante Léa Drucker d'ailleurs).
Même si l'histoire manque par moments de vraisemblance (notamment du côté de la compagne de Samson) et que la fin est un poil trop sucrée à mon goût (un petit virage thriller à la Vinterberg eût été fort à propos), il demeure que ce film est une véritable réussite qui achèvera de convaincre toute personne qui douterait encore de l'immense talent de Reda Kateb.
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le 28 mai 2016
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