Arrietty - Le Petit monde des Chapardeurs par HarmonySly
Arrietty n'est pas le plus beau, le plus touchant ou le plus meilleur des Ghibli, mais on sent que le réalisateur a veillé à respecter la "méthode Miyazaki" tout en ajoutant sa touche personnelle et en bousculant légèrement une tradition presque séculaire.
Ainsi, la vieille-dame-pleine-de-rides-méchante-mais-gentille-au-fond-d'elle-quand-même est remplacée par la vieille-dame-joviale-et-marrante-mais-qui-est-une-véritable-pourriture-en-vrai par exemple. Un artifice qui paraît un peu cliché expliqué par mes soins mais qui fonctionne très bien dans le film, malgré quelques maladresses.
Des maladresses il y en a d'ailleurs, notamment au niveau du rythme ou du scénario. Rien de très dramatique, mais on sent que Miyazaki-Sensei n'a pas voulu partager ses petits trucs, ce qui explique le rythme très particulier de cette aventure (menée tantôt calmement, tantôt tambour battant), et quelques erreurs de parcours (le personnage de Spiller par exemple, dont on ne saurait dire s'il est trop ou pas assez exploité en fonction de l'importance qu'a voulu lui accorder le réalisateur).
Malgré ces quelques griefs mineurs, on a affaire à un Ghibli pur jus, pas le meilleur, mais pas le moins bon non plus, et cela tombe bien car on en attendait pas davantage de la part du film. Toujours aussi réussi, graphiquement et esthétiquement parlant, mettant en scène des personnages attachants au sein d'une histoire simple et réussie, et qui s'achève superbement malgré quelques erreurs de parcours (j'ai quand même eu peur de voir un final à la Disney, avouons-le). Les musiques tranchent radicalement avec l'ambiance que Hisaishi instaure habituellement, et la petite frenchie Cécile Corbel s'en sort avec les honneurs. Même si deux-trois thèmes tombent parfois à plat, le choix de cette compositrice est une prise de risque qui s'avère payante au final.
Pas grand-chose à ajouter finalement, c'est un joli Ghibli qui ne déçoit pas sur l'aspect technique (la séquence de chapardage est à tomber à la renverse, une véritable leçon de mise en scène) et ose de nouvelles routines esthétiques au sein du studio. L'histoire est tout ce qu'on pourrait attendre des Japonais, avec des personnages rapidement identifiables, des réflexions socio-culturelles subtiles sur les sociétés humaines, et une morale qui n'est pas assenée au burin et au marteau. Le tout se laisse suivre avec plaisir, malgré quelques maladresses et hésitations par moment.
Un Ghibli mineur? Peut-être, mais ce n'est que parce qu'il est difficile de réussir un gros coup d'éclat au sein d'une filmographie aussi énorme.