Plus y'a de fous, moins y'a Duris
Oui bon, il est déjà tard et je viens de subir Arsène Lupin pendant 2 plombes, donc on me pardonne ce calembour de merde.
Tiens, parlant de merde...
Haaaaa Romain Duris.
Non, attendez, ne nous pressons pas.
On a tout le temps, il faut déguster.
Tout d'abord, pourquoi ce truc ?
Des daubes, y'en a autant qu'on veut.
Des daubes françaises, ça laisse encore pas mal le choix.
Des daubes françaises à gros budget, c'est déjà un peu plus rare.
Des daubes françaises à gros budget qui, en extra big bonus, massacrent allègrement ce qui est quand même un classique de la littérature française, là, LÀ on en arrive aux perles rares.
Si si, ne mentez pas, je sens que je commence à vous intéresser.
Bref, un jour, je sais pas trop comment, ce truc s'est retrouvé dans mes envies et surtout dans la liste "J'envisage de le voir, juste pour le critiquer en toute légitimité".
Dont acte.
Depuis quelques temps je rattrape mon abyssal retard en culture cinématographique et, tant qu'à faire, je vois donc plutôt de bons films.
Donc je les note plutôt bien. Et j'écris des critiques en prime.
Bon mais voilà à un moment y'a un besoin, insidieux mais impérieux, qui prend doucement ses aises. Il vous taquine.
Oui, vous m'avez compris.
C'est le moment de voir une bonne grosse bouse.
Ce soir était de ceux-là.
Et au hasard de mes pérégrinations en quête du candidat idéal, je tombe sur Arsène Lupin.
Autant ne rien vous cacher : l'évidence s'est imposée d'elle-même.
Mais revenons maintenant à nos moutons.
Romain, Romain...
Il cabotine comme pas deux mais là, ce soir, dans mon salon puis dans mon lit, il a fait la totale.
Répliques assénées avec la subtilité d'un étudiant demeuré après 3 redoublements du cours Florent, attitudes dignes d'un film muet, regards assassins "eh t'as vu comment j'suis beau gosse, t'as vu comment j'vais trop te pécho ?".
Et très honnêtement, vu certains anachronismes de langage et vestimentaires ça n'aurait pas dénoté plus que cela.
En un mot comme en cent, du grand, du très grand Duris.
Je l'attendais au tournant, il ne m'a pas déçu.
Il entraîne d'ailleurs dans son sillage à peu près tout ce qui ose apparaître à l'écran, à l'exception notable de Kristin Scott Thomas, sublime et fascinante comme à l'accoutumée, elle mène sa barque avec brio de bout en bout dans ce naufrage et amène à bon port le seul personnage intéressant de l'histoire.
Prenez cette petite soubrette sur le bateau qui, sans doute enthousiasmée par le surjeu de Romain, va se croire elle aussi pour un instant mauvaise actrice de théâtre et déclamer son texte avec une grandiloquence que n'eût pas renié le Christian Clavier des grandes heures.
Je ne dresserai bien sûr pas une liste, tant cela en reviendrait pour ainsi dire à réciter le script (un petit bijou à sa façon, mais nous nous y attarderons plus tard).
On parlait gros budget, eh bien les loulous accrochez-vous à vos sièges, ça décoiffe.
Salomé a vu Matrix, il s'est dit "mais ouais, ce qu'il nous faut au pays du camembert, c'est des combats avec des vraies chorégraphies de ouf et tout".
Après il a embauché le tonton Maurice pour les préparer, et ça a donné ça.
L'impression que Bébél est revenu d'entre les morts (ah non ? Pas encore ? Pardon pardon) pour nous envoyer des beignes à 30 bons centimètres du mec qu'il est supposé toucher, croisée avec le sentiment que non, finalement, c'est pas crédible de vouloir faire du Bruce Lee quand on est Nicky Naude.
Ah et puis comme il avait pas des masses d'idées, Salomé s'est rappelé le fameux adage de Sensei Michael Bay, du coup il a foutu des explosions.
Après on passe à qui ?
Ah ouais le mec qui a fait la bande-son.
Alors lui tranquille : il s'est mis dans son salon, il a écouté celle de Léon et s'est dit que quand même, Eric Serra c'est un putain de bon.
Du coup il a pris le thème principal, il l'a mis un peu partout, rajouté de l'orchestre par-ci par-là et roulez jeunesse.
C'est pas compliqué de se faire de la maille, gros.
"Attends attends attends attends, c'est pas fini" disaient les Inconnus dans le Rap'tout Vampire.
Bon c'est la minute Confessions Intimes, j'ai pas lu de bouquins de Lupin.
Mea culpa, j'y remédierai, promis.
Néanmoins, j'espère que ce brave garçon de Maurice Leblanc avait un talent autre pour l'écriture d'une intrigue, car là on nage en plein délire.
Je ne sais pas si c'est tiré d'un, plusieurs bouquins ou aucun, en tout cas ça donne juste l'impression d'un fatras incroyable, dans lequel le réal aurait foutu en vrac toutes les idées qu'il trouvait sympa, sans se donner la peine de les structurer un tantinet.
C'est triste de livrer un "scénario" comme ça avec un matériau de base qui est, du moins pour ce qu'on m'en a dit jusqu'ici, de qualité tout à fait honnête.
Ou alors il a tout fait en freestyle sans s'inspirer du moindre roman existant à part pour le personnage de Lupin, et dans ce cas c'est non seulement triste mais aussi et surtout complètement débile.
À défaut d'autre chose, je suppose que la Comtesse de Cagliostro sort elle aussi de l'oeuvre littéraire, j'ai déjà entendu le nom à plusieurs reprises dans mes quelques discussions Lupinophiles.
On sent d'ailleurs, je le disais, que ce personnage-là au moins est un minimum travaillé, donc je ne peux m'empêcher de penser que c'est grossièrement du travail de pompier, Salomé ne semblant pas capable de pondre le moindre bon truc tout seul.
Les "retournements" m'ont laissé hésitant entre hilarité et consternation. C'est peut-être voulu hein, je me la joue super gros malin qui avait tout deviné avant, et c'est peut-être exactement là qu'on voulait en venir : me faire sentir supérieur yeepeekayee.
Tactiquement ceci dit, ce serait pas très au point car ouais, on se sent la plupart du temps un peu trop intelligent pour le film, que par déduction on catégorise rapidement dans les faibles navets quoi.
Et y'a même une part de surnaturel, tout à fait grandiose.
Y'a même Lupin qui saute dans une des premières bagnoles et se la joue James Bond la main sur la portière toussa. Mémorable. J'aurais bien voulu voir la gueule de la scène avec une vraie de l'époque, en pointe à 20 km/h WOUHOUUUU FONCE ROMAIN !
No, seriously dude...
Ah et j'ai même pas encore abordé la super intrigue amoureuse.
Tiens c'est cadeau, par charité chrétienne je vais m'en abstenir.
Je sais, c'est purement gratuit de tirer sur l'ambulance comme ça, mais ça fait du bien de temps en temps.
C'est une merde, ne le regardez que si vous savez où vous mettez les pieds.
2 pour Kristin Scott Thomas, tant l'actrice que son personnage, seule rescapée.