Quand le défouloir haineux d'un transfuge de classe est déterré sur Twitter, comment se déroule sa chute et son abandon par le monde médiatique et culturel qui l'avait porté aux nues ?
Le pitch est simple, et ouvre un champ de questionnements : comment coexistent les valeurs affichées et les pensées refoulées- antisémites, homophobes et sexistes- dans le cerveau d'un même homme ? Comment l'ecrivain-blogueur prometteur tiraillé entre deux mondes -le monde parisianoculturel 'de gauche ' d'un côté, ses proches et sa famille en cité de l'autre- peut il trouver justification ? Et comment se reconstruit-on ensuite?
Arthur Rambo est habile en soi car il ne juge pas le bonhomme, il nous présente les faits et l'introspection à laquelle la révélation le force à se soumettre.
Le problème, c'est que si Laurent Cantet n'apporte pas de réponse, il n'apporte pas grand chose d'autre: il met en images la descente aux enfers en alternant les scènes où il tombera face à son éditeur, ses copains, son amoureuse, sa famille. Rien que de très probable, de très prévisible. Et pas grand chose de plus que le pitch. Comment se reconstruire derrière, voilà le sujet qui aurait mérité un film. Car à ne vouloir que décrire la chute, Laurent Cantet semble surtout vouloir dresser le procès des réseaux sociaux et la façon dont le piège se referme sur ceux qui en font l'usage le plus extrême.
Alors malgré deux ou trois scènes vraiment réussies, dans le métro ou avec son petit frère notamment, ce film ne donne pas à voir beaucoup plus que ce qui est affiché. Dommage.