J'adore les personnages comme celui d'Arturo : pathétique, nul et sans-intérêt. Car probablement que je m'y identifie plutôt bien. On y suivra "le pire jour de sa vie" (enfin, c'est ce qu'il dit), notamment pendant le mariage de sa meilleure amie, mais ce sera aussi l'occasion de revenir quelques années en arrière, de manière plus ou moins erratique, pour notamment approfondir les relations de notre personnage avec ses semblables.
On pourrait s'attendre à des situations extraordinaires, mais non, elles seront juste extrêmement ordinaires. L'humour se dissimulera surtout dans le léger malaise des situations, avec ses non-dits, son hypocrisie et sa méchanceté insidieuse. J'aurais envie de trouver le tout un peu mou globalement, même s'il y a bien quelques fulgurances ici et là, qui m'ont mené à un fou rire. Mais c'est tout le principe et le parti pris du film, rendre compte de la vie chiante d'un pauvre type, qui ne réussit pas grand-chose, ni sentimentalement, ni professionnellement, et c'est probablement pour ça que le film m'a autant touché. Une belle réalisation aussi, qui se permet quelques effets sympas à certains moments, avec notamment des coupures de plans parfaitement millimétrés pour créer un gag, ou en jouant avec le hors-champ.
Bref, franchement sympa et pertinent dans la démarche. "Arturo à la trentaine" nous laisse entrevoir ce que c'est qu'une vie bien nulle, sans intérêt, pendant que vous êtes là à écrire sur votre carnet les brouillons de votre avis, et que le générique de fin, tout écrit à la main, se termine, mais que la chanson "Azúcar Amargo" de Fey continue de résonner dans les enceintes de la salle sur écran noir, laissant presque transparaitre votre reflet livide de votre tête mal rasée. Vous vous levez enfin de votre siège, constatant une salle vide. Vous vous apprêtez à rentrer chez vous, pour écrire sur les films des autres, car trop incapable d'en faire vous-même.
(Vu le 27 novembre 2023 en VOSTFR au cinéma, pendant le Festival Chéries-Chéris)
On en parle dans le Ciné-florg #63