Jusqu’ici j’ai toujours beaucoup aimé les films de Rodrigo Sorogoyen. Mon préféré reste pour l’instant Que Dios nos perdone. A chaque fois, il nous livre une partition différente, un polar noir, un thriller politique, un drame familial, pour aujourd'hui nous offrir un peu la synthèse des trois. Après Madre, tourné en France, avec quelques acteurs français, il s’isole cette fois en Galice avec en tête d’affiche les excellents, et non moins français, Marina Foïs et Denis Ménochet. On retrouve d’emblée toutes les qualités qui font que l’on aime le cinéma du réalisateur espagnol. Une mise en scène soignée, maitrisée, quasi virtuose, un scénario parfaitement écrit, qui n’en fait jamais trop, avec un suspens et une tension de tous les instants. La direction d’acteur suit bien sûr le mouvement. Le duo d’acteurs français fonctionne parfaitement. Ils ont dû apprendre l’espagnol pour leurs rôles (qui sont très physiques). Si Denis Ménochet excelle surtout dans la première partie, Marina Foïs prend le dessus, logiquement, dans la seconde. Elle est impériale, et trouve là, à mes yeux, l’une des plus belles performances de sa carrière. Avec en cerise sur le gâteau, la scène de confrontation avec sa fille dans la cuisine. Tous les acteurs espagnols sont aussi formidables. As Bestas s’impose déjà comme l’un des meilleurs films de l’année. Et cela vient une fois de plus du réalisateur le plus doué du cinéma espagnol de ces dernières années. Il est vraiment rare, de nos jours, qu’un cinéaste nous régale autant film après film. Pourvu que cela dure. En tout cas, ce nouvel opus est aussi dur et sombre que prenant et passionnant. A ne pas rater.