Ça y est, on tient déjà un très grand film en 2019, et comme je l'espérais il vient de Ryusuke Hamaguchi, qui avec "Senses" a profondément marqué mon année cinématographique 2018. Et là boum nouveau chef-d’œuvre sous couvert de kawaii.
Mais attention n'allez pas voir "Asako" en espérant voir un nouveau "Senses", ça n'a strictement rien à voir, et tant mieux, ça se donne de manière moins évidente, car là où on plongeait (ou non) dans le précédent par les dialogues et le récit, ici c'est par la mise en scène qu'on adhérera ou restera à la porte. On le sait le grand cinéma n'est pas toujours une évidence, il est parfois à décanter et j'ai compris très vite qu'on était là-dedans cette fois, car c'est un film qui viendra me rattraper la nuit, non pas par son histoire, presque simpliste, mais par le geste du cinéaste, c'est-à-dire le plan qu'on refait sans cesse dans son cerveau, la scène qui obsède.
Et là, rien que quelques heures après la séance, je sais déjà que j'ai vu en 120 minutes trois scènes que je n'oublierai jamais. Je peux les citer sans risque de spoiler : un mur (?) en plan serré, une course-poursuite renversante et une image de fin qui me donne encore le frisson en écrivant ces lignes.
Déjà avec "Senses" je m'étais fait la réflexion que Ryusuke Hamaguchi était peut-être le mix parfait entre cinéma nippon et coréen contemporains, et j'en ai eu ici la confirmation : impossible de ne pas penser à Kitano à plusieurs reprises mais également de nouveau à Hong Sang-soo, Asako étant une sorte de cousine de Sunhi, les deux réalisateurs ayant l'audace commune de ne jamais tenter de rendre leur héroïne sympathique.
Bon maintenant les petits distributeurs, on se tire les doigts du biiiiiiiip, arigatô, et on fait péter tous les anciens films de ce Ryusuke-san qui ne sont jamais arrivés dans notre contrée.
NB : Non mais le jury cannois, vous êtes sérieux ? On vient de voir en moins d'un mois "Leto" et cette merveille, et vous avez préféré distinguer du "Capharnaüm" ou autre "BlacKkKlansman" ? Je m'en vais de ce pas vous botter les fesses et glisser un petit prix de la mise en scène à cette chose pas assez tape-à-l'oeil pour vous. Je vous laisse, je vais me coucher et rêver d'un chat...