Au rayon bien fourni des œuvres patrimoniales sur lesquelles j’ai pour l’instant fait l’impasse, figurait en tête de gondole ce film culte de la nouvelle vague. On relèvera qu’il s’agit du premier long métrage de fiction de Malle. De fiction ? Oui, car Malle a été coréalisateur du Monde du silence de Cousteau. Des fonds marins, il est passé aux bas fonds parisiens.
Des amoureux qui s’échappent. Le schéma porte en lui l’intensité autant que le malheur inéluctable. C’est avec une caméra vive et très présente que Malle raconte son histoire, ou plutôt ses histoires. Des histoires de criminels et de femmes qui leur courent après. La tension ne lâchera jamais le spectateur. Dans la construction du premier crime, du deuxième, de la recherche de l’amant meurtrier. Entre violence froide et passion triste, le récit montre des femmes vagabondes. Le plus beau est sûrement dans ces scènes où Jeanne Moreau cherche son homme dans tout Paris, inquiète et cadrée serrée. Les bourgeois croisent les prolos ou plutôt font une translation parallèle. Ainsi, les deux mondes aux codes et pratiques différents se retrouvent dans la pulsion d’amour et de mort. Les uns sont enfermés dans un ascenseur qui refuse de monter comme il devrait et les autres dans une chambre de bonne. Tout ce monde-là est incarcéré dans le cadre étroit de l’image. À la fois tendu et nonchalant et toujours très beau, le film laisse beaucoup de place à la musique vraiment à-propos de Miles Davis. Celle-ci est presque un personnage tellement elle est présente et apporte au film.
En bref, sur le fond comme sur la forme, Louis Malle propose un objet de culte novateur et percutant, toujours sur le fil. On en redemande !
>>> La scène qu’on retiendra ? Les scènes d’errance dans la nuit parisienne, magnifique !