Plongée vertigineuse et parfois suffocante dans les clivages économiques de la société chinoise contemporaine, depuis les ouvriers exploités par les grandes entreprises jusqu’aux dirigeants de demain et accessoirement, les nouveaux riches qui atteignent (enfin) le “rêve chinois”.
La sino-américaine Jessica Kingdon dresse le portrait de la Chine d’aujourd’hui et le fossé de plus en plus croissant entre les classes sociales du pays. Pour cela, elle traite plusieurs sujets, de la (sur)consommation à l’exploitation des ouvriers en passant par la montée en puissance du nombre de riches.
D’un point de vue de la mise en scène, impossible de ne pas repenser à des oeuvres telles que Koyaanisqatsi (1982) de Godfrey Reggio ou Baraka (1992) & Samsara (2011) de Ron Fricke. Les plans s’enchaînent à un rythme métronomique, des images frappantes qui se suffisent à elles-mêmes, pas besoin de longs discours (comme ces millions de vélos entassés & abandonnés ou le raz-de-marée humain des chinois sur leurs lieux de villégiature).
La Chine est devenue “l’usine du monde” depuis de très nombreuses années et elle a su en tirer partie en améliorant aussi bien les conditions de travail que les outils mis à disposition de ses ouvriers. On découvre les coulisses des megafactory (et ses innombrables petites tâches répétitives, effectuées par des ouvriers payés une misère), avec ses impressionnantes machines à coudre industrielles et ces petites mains qui s’affairent à fabriquer des “sex dolls” (des poupées sexuelles hyper-réalistes).
On assiste aussi à l'envers du décor, à travers la classe moyenne qui se lance dans le 2.0 en tant qu’influenceur ou en montant leur propre business, tandis qu’au niveau au-dessus, les aspirants dirigeants (la future élite) suivent des cours (aussi ridicules soient-ils) pour apprendre à sourire en société (être présentable et respectable).
Ascension (2021) 登楼叹 met en lumière le capitalisme chinois dans toute sa froideur, entre précarité et richesse, deux mondes s’opposent.
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