C'est difficile de s'y retrouver dans la faste carrière du passionnant Richard Fleischer, ainsi que de trouver un lien entre tous ses films, lui qui œuvra durant cinq décennies dans le cinéma Hollywoodien, avec des hauts (The Narrow Margin, Soylent Green, The Boston Strangler), des bas (Conan the Destroyer) et, j'imagine, plusieurs longs-métrages plus ou moins anecdotiques.
Cinq décennies où il tourna sur un rythme effréné, avec tout de même une constance, un dépaysement fréquent, que ce soit dans la science-fiction, dans l'Histoire, le fantastique ou les aventures loin des préoccupations américaines, comme ici avec Ashanti, qui conclut ses années 1970.
Ce film lui permet de mêler aventure, exotisme et thriller, avec en fond l'esclavagisme, la traite des noirs et le kidnapping. Une histoire grave donc.
L'écriture est le premier point fort, et assez vite on comprend que Fleischer ne prend pas ces péripéties à la légère. Il soigne d'abord l'aspect documentaire, même si la fiction va vite prendre le pas, il y a une justesse dans les thématiques abordées, où la mise en scène rejoint donc l'écriture. Surtout, il n'a pas besoin de tout montrer et joue aussi sur la suggestion, ce qui occasionne certaines séquences faisant froid dans le dos, et il nous fait comprendre les réels enjeux ainsi que la motivation de chaque personnage.
En médecin humanitaire, Michael Caine se montre très à son aise, et c'est sur lui que la caméra va être axée, sa façon de tout faire pour retrouver sa femme et suivre les agresseurs. Pour l'anecdote, il dira plus tard qu'il a détesté ce film, ayant accepté le rôle uniquement pour l'argent. Les autres comédiens, parfois prestigieux (Peter Ustinov, Rex Harrison ou même Jean-Luc Bideau), sont moins marquants que Caine, qui parvient à porter cette aventure sur ses épaules lorsque c'est nécessaire.
Sinon, ce n'est pas un film particulièrement mémorable, tant dans l'émotion que la tension, mais c'est bien ficelé, avec un rythme adéquat, rapide lorsqu'il le faut, plus lent sinon. Les extérieurs sahariens sont sublimés, et si certains comédiens ont tendance à un peu trop cabotiner, ça n'en devient pas lourd non plus. Enfin, on est aussi parfois (pas assez surement) subjugué par un vrai souffle qui traverse Ashanti, notamment lorsque la bande originale fait corps avec les majestueux paysages.
En signant Ashanti, Richard Fleischer met en scène une aventure comme on n'en tourne plus maintenant ou trop rarement, avec une ambiance particulière ainsi qu'un fond intéressant autour de l'enlèvement et l'esclavagisme. La forme est plus classique mais plutôt maîtrisée et efficace, où Michael Caine se montre particulièrement à son aise dans de somptueux décors et paysages.