Asphalte est ce qu'on appelle un film choral, ayant pour point commun l'autoroute lors du chassé-croisé du 31 Juillet, où, statistiquement, les accidents y sont plus fréquents. On suit ainsi plusieurs histoires : une jeune femme (Carole Laure) qui prend la voiture de son amant pour le rejoindre dans le Sud, une famille qui part en vacances avec une voiture qui n'a pas été révisée, un homme qui erre seul sur l'autoroute, un chirurgien qui enchaine les opérations à la chaine de victimes d'accidents de la route....
Denis Amar, qui est connu pour avoir réalisé Hiver 54, et ensuite une longue carrière à la télévision, signe un premier film très étonnant, où la présence de l'autoroute peut faire vaguement penser au Grand embouteillage, dans le sens où la route peut faire ressortir les bas instincts. Mais point d'humour, sinon noir, car il y a toute une galerie d'acteurs que je trouve excellents. Outre Carole Laure, on retrouve Jean Yanne, Philippe Ogouz et le superbement beauf Jean-Pierre Marielle qui joue le père de famille peu soucieux de l'état de sa voiture, alors que son fils lui dit qu'il voit qu'elle commence à perdre de l'huile. Mais les vacances étant les vacances, peu importe... ce qu'il va payer d'une façon ou d'une autre. Et ne jamais donner à manger à un chien au volant...
Le seul lien dans ces histoires se situe dans les multiples carambolages sur l'autoroute, orchestrées par Rémy Julienne, et qui font clairement froid dans le dos, car ça n'est pas Destination finale 2 ; c'est la réalité qui pourrait se produire, une caravane qui se décroche, une voiture à contre-sens, et c'est le pire qui se produit avec les voitures qui voltigent, les conducteurs qui sont éjectés, c'est l'horreur. Mais c'est très bien rendu par les multiples prises de vues.
Souvent cité comme le meilleur film de Denis Amar, Asphalte n'est pas un film si facile que ça ; la narration y est souvent éclatée, on croit que tout est lié, alors que non. Mais ça ne me dérange pas, car j'ai trouvé ça au fond passionnant. Quant à la dernière scène, elle est tellement ironique que là, on se croirait dans un film italien, où la bassesse humaine reprend ses droits...