Je n'avais aucune attente vis à vis du film et j'ai quand même été déçu. Loin d'être un fan inconditionnel de la saga vidéoludique, le deuxième opus figure parmi mes préférés et le troisième me parut agréable. À l'instar de Warcraft, Assassin's Creed était attendu au tournant par une bonne partie des gamers, car tous deux semblaient plus soignés dans leur conception. Il existait un espoir que leur média soit mieux considéré par les autres, et quoi de mieux que le cinéma, un des arts les plus nobles de notre époque nonobstant ses propres ratages ? Hélas, en tant que tel, ce film est un échec. Non pas qu'il ne tente pas de surpasser ses équivalents, mais cet essai se solde par un ratage partiel.
Dès le début, Assassin's Creed annonce son aveu de faiblesse. Le blockbuster calibré nous apparaît devant les yeux, avec une introduction qui balance sans subtilité des références directes au jeu vidéo., après un texte défilant des plus bâclés. Malheureusement, la suite n'est pas à la hauteur. Le problème ne vient pas du matériel de base ni du caractère "libre" de l'adaptation. De fait, ce métrage rencontre des problèmes dans sa manière de concevoir son histoire. Il s'apparente à un empilement maladroit de scènes à peine connectées sous fond de néo-modernisme trop artificiel pour être crédible. Les explications sont minimes, voire incomplètes, et aucune ambiance n'est correctement instaurée. De surcroît, il souffre d'importants problèmes de rythme : après une première partie très lents, les péripéties se succèdent trop rapidement, si elles peuvent être qualifiées comme telles.
Pourtant, j'ai bien voulu y croire au projet. Mais les minutes ont défilé sans que les événements deviennent crédibles, la faute à un scénario confus. Les protagonistes ne rattrapent pas non plus le résultat : Michael Fassbender cabotine, interprétant un Cal qui agit tel une girouette, Marion Cotillard joue comme une automate, et le reste des personnages se constitue de l'empilement d'archétypes bien connus dans les productions du genre, particulièrement le méchant. Ils ne sont pas aidés par le scénario truffé d'incohérences qui ne les met aucunement en valeur.
Pourtant, je le répète, la tentative est belle et bien présente. Mais quand je m'imaginais une adaptation du jeu, je m'attendais à un résultat différent, meilleur. Avec un peu de savoir-faire, le concept même d'Assassin's Creed, à savoir, l'exploration du passé d'un sujet test, est vraiment mal exploité. Dans chaque jeu, du moins à point de vue, le passé est plus important que le présent. Ici, c'est le contraire : le passé n'est que prétexte à empiler des scènes de fan-service : des sauts à travers des toits, des courses-poursuites, des combats contre des gardes sont bien présente, le tout ponctué des phrases copiés-collés telles quelles du jeu. En revanche, aucun véritable background n'est inséré dans le passé : il ne semble être qu'un décor à peine utile à l'intrigue, alors comment s'attacher aux personnages qui y agissent ? Si au moins le présent valait le coup d'être vu, mais ce n'est pas le cas.
Assassin's Creed est sauvé du naufrage total par son aspect visuel : les décors sont très beaux, l'Andalousie est bien représentée ; là, un vrai travail a été fourni. Pour le reste, il ne s'agit que d'un mélange bâtard et peu harmonieux des différents jeux, trop aseptisés pour être intéressant à suivre. Bref, ce n'est pas en 2016 que l'honneur des jeux vidéos aura été rendu au cinéma. Qui sera le prochain ?