Assassin's Creed - un bon jeu qui donne enfin un bon film !!

CA Y EST !! NON, JE NE SUIS PAS EN CAPSLOCK (touche "majuscules" bloquée), JE CRIE TELLEMENT JE SUIS CONTENT. Bon, j'arrête là mais je disais je suis content car je LES ai vu. LES ? 2 choses : le film Assassin's Creed ET une bonne adaptation cinématographique d'un jeu-vidéo.


Alors des adaptations de jeux-vidéo, il y en a eu ces dernières années. Ça allait du "sympa" avec le sympathique Mortal Kombat aux "merdes" avec les merdiques adaptations par Uwe Boll, en passant par les "WTF" (What The Fuck !!) et là, nous pensons tous à Super Mario Bros... Il faut dire que l'équilibre entre "le film qui ne va parler qu'aux fans" et "le film qui doit aussi être accessible à ceux qui n'ont jamais joué" est difficile à obtenir et Assassin's Creed pêche aussi un peu ici mais clairement moins que les autres adaptations que j'ai pu voir. Alors certes, nous avons ces derniers temps un mouvement de jeux-vidéos très cinématographiques (Uncharted, Last of Us, les 2 reboots de Tomb Raider) voir même des jeux-vidéos plus proche du film que du jeu (l'excellent Beyond Two Souls). Il peut paraître donc plus facile d'adapter ces jeux et pourtant...


Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser que je vais spoiler. Aussi bien sur le film que sur la saga Assassin's Creed, notamment pour mettre en défaut les quelques libertés (ou erreurs) prises pour l'adaptation. Donc si vous ne l'avez pas vu, passez votre chemin. Même si, il faut l'avouer, le scénario est assez convenu et se base sur la guerre Assassins / Templiers qui dure depuis des siècles.


Dans le film, tout le riche background de la saga est résumé en 3 lignes d'introduction : une guerre entre assassins et templiers pour la récupération de la Pomme d'Eden, pomme de la discorde originelle qui contiendrait les gênes du libre arbitre. Ouais... Bon, c'est un peu plus complexe que ça puisque dans le jeu, la pomme n'est qu'un artefact utilisé par ceux-qui-étaient-là-avant (vaguement énoncée dans le film comme "une possible ancienne civilisation") pour réduire l'humanité à l'esclavage. Cette civilisation, composée des dieux antiques (Junon et autres dieux romains), s'est retrouvé face à une rébellion dont les investigateurs, Adam et Eve, avaient volé la pomme permettant le contrôle des esprits.


C'est le premier point et seul vrai point négatif du film : il fait fi de tout ce qui a pu se passer avant, non pas en le reniant mais en l'ignorant. L'histoire de Desmond n'est pas évoquée et, hélas, les références aux anciens (et nombreux) assassins ou personnages des jeux-vidéos sont absentes. Seule exception, Rikkin, patron d'Abstergo évoqué dans les jeux et présent ici. Après, le reste, c'est du nouveau : Callum Lynch, américain condamné à mort, est récupéré par Abstergo qui le colle dans l'animus pour récupérer son passé et notamment au niveau de son ancêtre, l'assassin Aguilar de Nehra en pleine inquisition espagnole. Ce dernier est le dernier possesseur connue de la Pomme d'Eden...
C'est là que 2 ou 3 petites erreurs et prises de libertés m'ont embêté. Mais là, c'est le fan pur et dur qui parle.


Déjà, on parle de LA Pomme. Mais dans l'univers des jeux, il y en a au moins 2 : celle que Ezio récupère et planque dans Assassin's Creed 2 et Assassin's Creed Brotherhood. Et celle qu'Altaïr avait dans Assassin's Creed (premier du nom) et dont on découvre qu'elle est bien différente de celle des 2 opus suivants puisque dans le 4ème opus (Assassin's Creed Revelations où Ezio, en 1511, part sur les traces d'Altaïr, qui a vécu dans les années 1190). A la fin, Ezio retrouve le tombeau d'Altaïr et dans ce dernier, il y a aussi la Pomme, prouvant que celles des opus d'Assassin's Creed 2 et Brotherhood est bien différente.


Ensuite, l'introduction, qui montre l'assassin Aguilar se faire couper l'annulaire lors de son rite d'initiation dans la confrérie des assassins et recevoir 2 lames. Gros problème pour ceux qui connaissent la saga. Le fait de couper l'annulaire permettait auparavant à la lame secrète des assassins de bien passer. Altaïr a découvert le moyen de s'affranchir de cette méthode et l'a écrit dans son codex, que récupère Ezio dans les années 1480. Grâce à De Vinci qui déchiffre le codex, il n'a plus besoin de se couper le doigt et De Vinci lui construit ainsi 2 lames. Aguilar évolue en 1492 donc après et si la confrérie espagnole a reçu la "nouveauté des 2 lames", elle a forcément reçu l'information que la section de l'annulaire était devenu inutile. C'est donc ici un clin d'oeil au premier jeu mais qui est un peu maladroit. Et puis (et là, je fais mon râleur...), la proximité temporelle avec Ezio aurait permis de voir ce dernier mais non... D'ailleurs, Ezio effectue plusieurs missions en Espagne dont une où il sauve la vie de Christophe Colomb (qui a un rôle dans le film) du templier Tomas de Torquemad, aussi présent dans le film !! Là, c'est clairement une volonté de ne pas faire apparaître Ezio Auditore !!
De plus, à la fin du film, Callum voit des "fantômes" de grands assassins et AUCUN des jeux n'est présent... Vraiment dommage...


Dernier point qui change par rapport au jeu, c'est le temps de présence dans le passé. Ici, la majorité de l'action se déroule à notre époque. Aguilar n'apparaît donc que pour 3 ou 4 scènes d'action, ce qui ne permet ni d'étoffer le personnages et ses compatriotes, ni d'en voir beaucoup sur cette époque intéressante qu'était l'inquisition espagnole. En même temps, il y a 2h de film et non 20h de jeu donc ça se comprend mais ça peut en frustrer certains.


Voilà. C'est tout pour les critiques. Par contre, certaines libertés sont sources de bonnes idées et il y a d'excellentes références à la série de jeu.


Déjà, l'animus. Exit le lit, il devient un bras articulé qui permet à sujet de "vivre" vraiment ce que vivait son ancêtre. Au travers de projections holographiques, on le voit littéralement depuis le présent évoluer dans le passé. Ce nouvel animus est clairement plus cinématographique et est vraiment bluffant ! En jeu, le rendu ne serait pas aussi intéressant mais l'idée dans le film est vraiment excellente !! Ça permet aussi de rendre plus crédible le fait qu'un assassin qui explore son passé acquiert les compétences de ses ancêtres... Desmond devenait plus fort et plus agile sans bouger de son lit qu'était l'animus... Là, les efforts fournis par le sujet l'amènent à devenir meilleur !


Les ambiances maintenant. Là-aussi, très respecté : Abstergo, dans le présent, est froid, blanc, aseptisé. Les scènes dans le passé ont des couleurs plus chaudes, un ton ocre, poussiéreux... Les transitions se font d'ailleurs par le biais d'un aigle, symbole des assassins, survolant une zone, un peu comme les cinématiques lorsque l'on se synchronise en haut d'un lieu dans les jeux... Terrible !!


Les scènes d'actions sont aussi superbes. Bien chorégraphiés, claires et lisibles : on a vraiment l'impression d'être plongé dans le jeu tellement certaines actions sont semblables à ce qu'on y trouve. Là-aussi, deux gros clins d’œil à noter. Le premier, à la scène d'introduction du premier jeu où on voit Altaïr sauter dans une position devenue emblématique, lame en avant et saut à la Yamakasi, pour effectuer un assassinat. Le second est une course-poursuite très identique à celle que l'on voit (que l'on joue plutôt) dans Assassin's Creed Revelations avec Ezio aux abords de Constantinople et qui se solde par le plongeon de la calèche dans le vide. J'ai apprécié ces références...


Autre bonne idée : la réinterprétation du saut de la foi. Dans la saga, il fait parti du rite d'initiation des assassins. Ici, lors du premier d'Aguilar, Callum est réticent ce qui provoque une désynchronisation de l'animus entre Callum et Aguilar. La seconde foi, Callum suit franchement le mouvement. Ça permet une synchronisation parfaite mais scénaristiquement parlant, ça montre l'évolution de Callum et son acceptation de sa condition d'assassin. Cette action emblématique a été mise au service de l'histoire et je trouve ça vraiment futé.


Au niveau des acteurs, ça joue juste. Michael Fassbender est vraiment crédible dans son double rôle. Jeremy Irons est parfait en patron d'Abstergo et Mario Cotillard joue très bien, même si j'avoue qu'au niveau de son personnage, je n'ai pas bien compris la dernière partie : elle dit que sa mère a été tuée par un assassin. Elle semble voir sa mère ou elle-même en tenue d'assassin lorsqu'on voit les fantômes des grands assassins comme je l'évoquais plus haut. Mais est-ce vrai ou était-ce elle-même une assassin que son père aurait fait tuée ?.... Elle est en contradiction avec son père sur ses méthodes et même sur ses opinions... Cette contradiction est renforcée par ma question précédente et qui est légitime du point de vu du déroulement des évènements dans le film... Elle ne dit rien quand Callum vient pour tuer son père alors qu'elle pourrait l'alerter... Et au final, elle jure de se venger de Callum en tenant la dépouille de son père... Je n'ai clairement pas bien compris où on allait avec ce personnage.


Les seconds couteaux sont très bons aussi (magnétique Brendan Gleeson en père de Callum). Mais l'histoire est tellement concentrée sur Callum et son ancêtre qu'au final, ils deviennent assez vites accessoires. Dommage car on éprouve que peu d'empathie à leurs égards et on se soucie peut des compagnons de baston de Callum ou d'Aguilar. Là-aussi, c'est excusable de part la teneur du film et du fait qu'il aurait fallu 2 heures de plus pour s'attarder sur tout le monde tout en présentant le contexte de l'univers d'Assassin's Creed...


Difficile de passer outre la bande son également tellement les jeux-vidéos avaient placé la barre haute. Il faut dire qu'avec Jesper Kyd et Lorne Balfe, ça envoyait du lourd. Ici, les morceaux sont moins bons mais dans la même veine que leurs ainés. Ça n'est pas mythique et je doute que la bande originale soit nommée aux oscars mais nous retrouvons bien l'ambiance "Assassin's Creed".


Dernière petite chose (non sans importance) : le réalisateur, pour l'ensemble du film, a préféré cascades et décors réels aux fonds verts et ça se sent. Les décors sur superbes et l'immersion est d'autant plus réussie. Parfois, ça donne l'impression de film à petit budget tellement nous sommes habitués à des fonds verts permettant de mettre des milliers de figurants et des trucs grandioses ou ça rend les quelques effets spéciaux plus visibles mais personnellement, ça ne m'a pas gêné. J'ai même apprécié ce côté plus réaliste : un soin particuliers a été apporté aux costumes, aux accessoires et aux décors. La réalisation est faite à partir de cadrage simple, montrant des plans larges et permettant une action lisible. Quelques plans serrés et caméras à l'épaule nous permettent de se rapprocher de l'action mais pas de caméra écœurante à la Paul Greengrass suivant Jason Bourne courant sur des toits... C'est assez convenu et ça me va parfaitement !


Au final, un très bon film et, surtout, une très bonne interprétation qui s'adresse aussi bien aux fans du jeu qu'à ceux qui ne connaissent pas l'univers. On sent que le travail en amont a été fait par des passionnés même si il y a 2 ou 3 petites incohérences quant au background existant et que quelques références plus directes à des personnages des jeux auraient été bienvenues. Le film est clairement ouvert pour une suite mais il me semble difficile de continuer à avoir UNE méta histoire commune aux médias (parce qu'en plus des jeux et du film, il y a des BD, des comics, des romans...).
Si ce qui s'est passé dans le film est intégré et continué dans l'univers du jeu, je me demande comment le second film pourrait être compréhensible pour les non-joueurs. Inversement, si ça n'est pas fait, les joueurs vont se retrouver avec 2 lignes directrices distinctes. Tout ça me semble un peu compliqué mais après avoir été très emballé par le film malgré ces défauts, je suis partant pour une suite cinématographique (qui s'affranchirait de l'obligation d'introduction à ce nouvel univers) et je continuerai de jouer pour avoir des histoires et un background plus développés.


Note : à ceux qui pourraient penser que le fait que Christophe Colomb embarquant la Pomme d'Eden en Amérique est une "ouverture" ou une référence pour Assassin's Creed 3, c'est faux. Dans Assassin's Creed 3 (et les suivants), il n'est fait mention que d'artefacts mais en aucun cas de Pommes d'Eden. Et d'ailleurs, cette dernière se retrouve à notre époque dans le tombeau de Christophe Colomb en Espagne donc elle n'a jamais été récupérée par d'autres Assassins ou Templiers, elle n'a visiblement pas quitté Christophe Colomb.

Créée

le 23 déc. 2016

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