"Un film tiré d'une licence de jeux vidéo", rien qu'à écrire cette phrase, j'ai mal aux yeux.
Il faut dire qu'en matière d'adaptation du jeu vidéo vers le cinéma, les exemples de plantages monumentaux sont légions, le dernier en date reste tout de même l'imbuvable adaptation de Warcraft.
Ubisoft telle qu'on la connait (dirigée depuis sa fondation par Yves Guillemot donc) est au bord de l'extinction puisque l'ami Bolloré fait tout pour s'emparer du CA de cette boite depuis un an et demi.
À l'heure où la boite Canadienne (le prochain qui dit encore boite Française reçoit un pain dans la figure) a décidé de ralentir la production des épisodes de sa licence phare (après la terrible déconfiture de Assassin's Creed Unity et Syndicate), Yves Guillemot décide donc de risquer d'écorner l'image de sa boite (et sa crédibilité en tant que PDG) dans un film.
Le synopsis tient sur un mouchoir de poche, les gentils Assassins prônant la liberté contre les méchants templiers voulant soumettre les peuples à leur volonté en annihilant tout sentiment de libre arbitre. De là à y voir un allégorie de ce qui tiraille en ce moment Guillemot, il n'y a qu'un pas. Et pourtant ce scénario date de 2007, date de sortie du premier Assassin's Creed.
À l'époque, la critique principale qui avait été faite au jeu (hormis son horrible côté répétitif) c'était que les phases se jouant dans le présent n'apportaient strictement rien au jeu et que l'on pouvait tout aussi bien s'en passer, on ne verrait pas la différence. Ubisoft l'a compris après... 5 jeux en supprimant quasiment cet aspect de leurs créations.
Et bien le film fait strictement l'inverse... Tout l'arc narratif a lieu dans notre réalité, les phases d'animus étant réellement vide de sens, d'enjeu et de suspens puisque tout semble écrit à l'avance. C'est une réalité qui est rapidement décrite dans les jeux, oui tout est écrit à l'avance et nous ne jouons que pour faire avancer l'intrigue, mais cette intrigue a un sens et nous sommes réellement aux commandes. Le prétexte de l'animus n'est uniquement présent que pour justifier un mur invisible dans les zones non encore découverte ou pour prétexter l'existence d'un "try again".
L'animus, c'est le quatrième mur intégré dans le jeu.
Et cela le film le balaie d'un revers de la main.
Passons rapidement sur l'esthétique du film, magnifique bien que trop "artificiel" (peut-être voulu pour rappeler l'origine vidéoludique), le jeu des acteurs assez convenu et l'intrigue digne des meilleurs scénarios de bagarre d'une cour de récréation en CM1.
Bref, Assassin's Creed est beau, vide de sens, avec un scénario trop simpliste.
Les mêmes critiques faites au premier opus, il va sans dire que le public va donc adorer et que la licence au cinéma est promise à un grand avenir.
Guillemot a sauvé sa peau (pour l'instant).