Bon, vu les critiques, je dois vous avouer que je ne m'attendais pas à une merveille. En plus de ça, sans parler du fait que les adaptations de jeux vidéo en films sont généralement mauvaises, j'ai toujours été dubitatif quant à l'intérêt de transposer la saga sur le grand écran. Assassin's Creed est une licence qui, à l'origine, a été conçu par des auteurs, par Patrice Désilets notamment (oui, ça peut surprendre quand on voit ce qu'est devenu la licence aujourd'hui, mais c'est bel et bien le cas). Il faut comprendre que c'est une licence avec des codes très orientés jeu vidéo et qui perdent tout leur sens une fois au cinéma : l'animus étant d'une certaine manière un jeu dans le jeu, l'ancêtre incarnait par le protagoniste ne pouvant pas vraiment mourir puisque les actes que l'on suit se sont déjà produits, sans parler du côté « méta », même cynique, liant Abstergo à Ubisoft.
Pourtant, même si le film n'est pas bon, j'aurai du mal à le qualifier comme mauvais. Peut-être aussi que le fait que la plupart des jeux adaptés en films soient mauvais y jouent pour beaucoup… par contre, je ne comprends absolument pas les personnes affirmant qu'Assassin's Creed est l'une des pires adaptations d'un jeu au cinéma ? À moins de ne vraiment rien connaître sur le sujet (remarque, ce n'est pas si mal, ça veut dire que vous ne connaissez pas Uwe Boll), difficile de prendre au sérieux les personnes arguant cela.
Pour rentrer dans le vif du sujet, le film a déjà le bon goût de narrer une histoire exclusive et non pas d'adapter bêtement une histoire à laquelle j'aurais déjà joué. En fait, on sent qu'il y a eu une volonté de bien faire, en tous cas, de faire mieux que la masse des adaptations vidéoludiques. De nombreuses scènes ont été filmées dans des décors réels et non en studios, on a droit à de vraies cascades, à un Michael Fassbender qui participe lui-même aux combats qui nous sont présentés, et il faut noter qu'un véritable effort a été fait au niveau des costumes. Pour le coup, on aurait facilement pu tomber dans le ridicule en voyant Michael Fassbender en mode « assassin à capuche » … et franchement, à une époque où même les costumes des personnages sont créés numériquement en post-prod (coucou Avengers), ça fait quand même un minimum plaisir de voir des costumiers bosser sur ce genre de film.
L'animus s'éloigne de celui des jeux vidéo, mais ces changements permettent de « lier » plus naturellement les événements se déroulant dans le passé et ceux se déroulant dans le présent : on n'a pas cette coupure nette, entre la réalité et la fiction, que l'on retrouve dans les épisodes vidéoludiques. Aussi, ça parle espagnol dans le passé ! Et je trouve ça toujours cool qu'un film se déroulant à une époque donnée, dans un pays donné, parle la langue du pays question… et non l'anglais.
Enfin, inutile de préciser que ça joue plutôt bien. Les quelques débiles du fond qui se marrent encore devant la mort de Marion Cotillard dans The Dark Knight Rises trouveront un prétexte pour cracher leur venin, mais force est de constater, qu'en plus d'avoir droit à un casting quasi irréprochable (par ordre de préférence : Denis Ménochet, Jeremy Irons, Michael K. Williams, Charlotte Rampling…), les acteurs sont très bons dans l'ensemble.
Maintenant, il est temps de vous rappeler que si Assassin's Creed n'est pas mauvais, il n'est pas bon non plus.
Comme déjà évoqué en introduction, les passages dans l'animus sont forcément moins intéressants que ceux se déroulant dans le présent. Du coup, on se retrouve avec autant, voir plus de scènes se déroulant dans le présent que dans le passé.
Mais en plus de ça, c'est à se demander s'il n'y a pas eu deux réalisateurs différents pour tourner le film tant les scènes avec Aguilar sont clairement d'un niveau inférieur à celles se déroulant dans le présent. Déjà, c'est moche, pour chaque séquence se déroulant dans le passé, on a droit au même lot de couleurs laides. Aussi, bien que j'aie évoqué l'utilisation de décors réels et de vraies cascades, le résultat final ne rend pas du tout hommage à ça. Il y a des coupes partout, y compris lors du saut de la foi, ce qui donne un rendu très faux : en somme, les séquences se déroulant dans le passé sont vraiment très mal montées.
C'est quand même paradoxal pour un film du genre que les meilleures idées de mise en scène aient lieux lors des scènes dans le présent, lors des moments les plus posés, et non dans les séquences se déroulant dans le passé, plus orientées action (bien qu'il y en ait quelques-unes tout de même).
Le second autre gros problème du film est son scénario, insipide au possible : ç'aurait été une production EuropaCorp, ça ne m'aurait pas étonné. Les scènes se déroulant dans le passé sont génériques, celles dans le présent n'ont parfois aucun sens. Pour le coup, c'est absurde qu'Abstergo enferme autant d'assassins dans un même centre alors que ces derniers ne se cachent même pas de vouloir s'évader. La scène de l'évasion est d'ailleurs toute aussi aberrante que le reste : la sécurité d'Abstergo n'ayant aucun intérêt se battre au corps-à-corps face à des assassins… ça doit leur côté gentlemen je suppose… ou un hommage aux combats des jeux, combats dans lesquels les ennemis nous attaquent très respectueusement les uns après les autres. Toujours concernant le scénario, on retrouve l'éternelle tare de la série qui est de vouloir inclure des personnages illustres dans le récit. Allez ! Petit quiz : les scènes avec Aguilar se déroulant en 1492, devinez quel personnage historique a droit à son caméo. Petit indice : si vous ne trouvez pas, vous avez juste à taper la date sur Google.
Si je devais résumer simplement, je dirais qu'une fois arrivé au dernier quart, c'est vraiment catastrophique au niveau du scénar' : on se fait sacrément chier à partir de là. En plus de ça, outre ce que je viens de citer, le Docteur Sophia Rikkin se met à faire des choix qui n'ont aucun sens plus on approche de la fin, et, vous vous en doutez, on nous tease une suite qui, fort probablement, ne verra jamais le jour.
Un film très moyen en somme, et donc dispensable.