Assassin's Creed c'est un monument du jeu vidéo. Avec sa licence démarré en 2007, Ubisoft a réussi à nous pondre 8 épisodes principaux (9 avec Rogue). Mais avec un tel succès l'éditeur ne pouvait en rester là. La saga a envahi tous les supports : romans, bande dessinés, comics et a même eu droit à une bible/encyclopédie entourant l'univers du jeu ! Ajoutés à cela les multiples produits dérivés à la sortie de chaque opus et vous obtenez une bonne grosse machine à fric. Ce n'était qu'une question de temps avant que la saga débarque au cinéma.
Le film de Justin Kurzel n'est pas la première tentative dans le genre pour Ubisoft et la saga, 2 courts métrage ayant été réalisé pour accompagnés la sortie des jeux. Mais ce film est tout autre chose : bien qu'il se situe dans le même univers que tous les autres supports, Ubisoft a privilégié une histoire inédite et indépendante plutôt que celle d'un des personnages des jeux. Parti pris risqué mais réussi pour l'éditeur.
Contrairement à tout ce qu'on a pu entendre, ce film s'en sort plus que bien. Ma plus grosse crainte était que l'univers ne soit pas respecté mais Ubisoft est derrière et on ne peut pas nier qu'ils prennent soin de leurs univers bien qu'ils l'exploitent à fond. L'univers est parfaitement respecté : les mêmes termes sont utilisés, les raisons de l'affrontement des Assassins et des Templiers sont bien expliqués, les ordres sont fidèles à eux mêmes et on retrouve tout ce qui a fait le succès de la série (free run, saut de la foi, lame secrète etc) en plus de clins d’œils plus ou moins discret (botte de foin, point d'observation) qui raviront les fans.
Brothers. Sisters. The whole city rises against us [...]. Fight with me, and show him what it means to cross the Assassins.
L'histoire est très fidèle à celle des jeux : Assassins et Templiers se faisant la guerre pour retrouver un fragment d'Eden, les Templiers dans le but de priver le peuple du libre arbitre afin de les soumettre et les Assassins pour contrecarrer les plans des Templiers, sauf que cette fois la grande partie de l'action se déroule dans le présent, ce qui convient mieux pour un premier film. Ce conflit et les idéologies des deux ordres rivaux sont très bien retranscrits à l'écran. De même sorte, le côté confrérie des assassins est bien présent et ce n'est pas juste un mec avec une capuche qui tue des méchants Templiers. D'ailleurs le film est très loin d'être manichéen comme ce fut le cas dans les premiers jeux.
En revanche j'aurais bien aimé en scène d'introduction avoir un résumé du conflit les opposants, expliqués qui ils sont et pourquoi ils se détestent plutôt que d'avoir ça par écrit. C'est dommage mais on n'oublie pas de mentionner le conflit et ses raisons à quelques reprises.
C'est en suivant l'histoire de Callum Lynch que l'on se rend compte que ce film est l'introduction d'une trilogie déjà annoncée : cette partie explique les bases entourant l'univers (Assassins, Templiers, Libre Arbitre, Pomme d'Eden) en plus de l'histoire personnel de Callum, il est donc normal qu'elle prenne plus de place.
Le présent occupe la majeure partie de l'histoire mais l'inquisition espagnole n'a pas été délaissée pour autant. Au totale on doit avoir 4/5 scènes, dont une qui ouvre le film, à cette période. C'est assez peu du coup on a plus l'impression de voir des séquences lancés aléatoirement avec des élipses plutôt que de suivre une vraie histoire comme ce serait le cas dans un jeu. Elles sont liées et cohérentes de la première à la dernière mais il ne faut surtout pas s'attendre à quelque chose comme dans le jeu où on suit chaque moment de la vie du personnage à partir d'un moment donné. Cela dit, le film est assez court donc 1 ou 2 scènes en plus n'auraient pas été de trop.
La mise en scène est excellente. Justin Kurzel (ou Ubisoft) a eu la bonne idée de différencier les époques avec certaines teintes de couleurs, comme dans les jeux. Ainsi durant l'inquisition espagnole les couleurs chaudes ont été choisis alors que lorsque l'on se trouve dans les logos d'Abstergo c'est tout l'opposé qui s'en dégage.
Cette nouvelle version de l'animus est très bien pensée et rend beaucoup plus réaliste l'effet de transfert. Le sujet effectue les mêmes mouvements que son ancêtre, rendant plus crédibles l'assimilation des compétences de l'Assassin. Les transitions entre les 2 époques sont toutes parfaitement maîtrisé.
Le parkour, chose essentiel pour Assassin's Creed, est bien présent dans le film. Principalement dans l'animus, on assiste à des poursuites, de l'escalade et des courses se terminant en meurtre.
Pour les combats, passé les premières minutes du film ça se passe mieux. C'est fluide, agréable à regarder et là encore fidèle aux jeux, j'ai même l'impression qu'ils ont repris certains mouvements de Assassin's Creed II pour certains assassinats.
Pour finir, la réalisation est excellente. En plus du parkour et des combats Justin Kurzel propose des plans magnifiques notamment ceux où le spectateur suit l'aigle, bien connu des fans de la saga.
Le film a la chance de disposer d'un excellent casting : Michael Fassbender dans le(s) rôle(s) titre(s) toujours très bon, on voit qu'il s'investit à fond dans ce projet. Lui donnant la réplique Marion Cotillard assure dans son jeu d'actrice, un peu moins dans le doublage et Jeremy Irons fait un bon « méchant ». Durant l'inquisition c'est la française Ariane Labed qui donne la réplique à Fassbender, très convaincante en Assassin.
Malheureusement le film est loin d'être est parfait. Le plus gros reproche que j'aurais à lui faire c'est sur les personnages. Avec deux époques montrant autant de personnages, et un film aussi court (1h40!) il est impossible de s'attacher au moindre personnages. Soit parce qu'on ne sait rien d'eux, soit parce qu'on ne les voit pas assez, ce qui est le cas pour ceux présent dans les logos d'Abstergo. Hormis Callum à travers le quel on (re)découvre ce conflit, personne n'attire la sympathie du spectateur. Reste que j'ai bien apprécié Maria.
J'ai aussi été très déçu sur le manque de référence aux jeux. Les fans se demanderont s'il existe un quelconque lien. Ça aurait été sympa de mentionner Desmond ou j'aurais aimé voir à la fin
quand Callum devient un assassin, j'aurais aimé voir des membres ayant marqué la confrérie comme Altair ou Ezio
mais c'est juste un avis personnel. J'ai également aucun souvenir d'une utilisation de la vision d'aigle alors que c'est primordial. Y'a bien l'effet de transfert ou Callum voit Aguilar hors de l'animus mais ça s'arrête là.
J'ai été assez déçu par la bande son. Certes ça colle bien au film mais contrairement aux magnifiques thèmes des jeux (on se souvient tous de Ezio's Family qui reste plus de 8 ans après LE thème emblématique de la saga).
Ah aussi pour la traduction c'est « éclairer le monde » pas servir la lumière.
Assassin's Creed est donc un bon film et une très bonne adaptation non seulement qui ne fait pas honte à la série mais lui rendant hommage et lui apportant plusieurs choses que j'espère retrouver dans les jeux. Pouvant convenir aux fans ou aux novices, cette adaptation de jeu vidéo est l'exemple type de la perte de crédibilité de la presse.
Quand les hommes suivent la vérité aveuglément rappelle toi que rien est vrai, quand la morale ou les lois bâillonnent l’esprit des hommes rappelle toi que tout est permis.