Avant Alain Chabat, René Goscinny et Albert Uderzo adaptaient le sixième tome de leur gaulois moustachu (1963). Comme pour l'une des couvertures de l'album, l'affiche s'était aussi payée le Cléopâtre de Joseph L Mankiewicz (1963) avec la pose des personnages légèrement modifiée et des accroches comme "une superproduction en dessin animé en couleurs", dézinguant ainsi un film dont le budget avait tellement explosé que cela en devenait une blague.
Le troll continue dès l'introduction avec une voix-off nous expliquant que les égyptiens parlaient en hiéroglyphes, avant de nous dire que le film est entièrement traduit en français, puis d'expliquer qu'il y a des problèmes de post-synchronisation. Le duo s'imprègne du format cinéma pour créer autre chose qu'une simple transposition de l'album.
Ainsi, on se retrouve avec d'excellentes scènes musicales. La scène du pudding à l'arsenic est très éloignée dans le ton de la scène similaire présente dans La belle au bois dormant (Clyde Geronimi, 1959). Idem pour Quand l'appétit va tout va, chanson permettant à Obélix d'évoquer son amour pour la nourriture.
La preuve que contrairement à ce que n'aime visiblement pas Uderzo dans le film de Chabat, il savait lui aussi s'amuser des conventions et de la pop culture de son époque, les parodiant habilement en compagnie de son fidèle acolyte. L'animation de Belvision a pris un coup de vieux par endroits, mais le film a un charme fou, un excellent doublage, est fidèle à la bande-dessinée et reste un des meilleurs films de la franchise au cinéma.