Pour avoir un bon Astérix au cinéma, il faut à la fois une bonne animation et un scénario digne de Goscinny (d'ailleurs crédité au générique) et de son humour très particulier, c'est compliqué et on est souvent déçu.
Et puis est arrivé Alexandre Astier et l'humour de Kaamelott que tout le monde connait. Il décide d'adapter Le Domaine des dieux en utilisant ce qu'il connait bien: un dialogue incisif et ciselé qui semble tout droit sorti de la quête du Graal mais modifié pour coller à l'atmosphère des irréductibles Gaulois. On notera d'ailleurs que le jeune Arturus était un Romain et qu'il avait rencontré César dans la saison 6 de Kaamelott, comme quoi le lien existait entre ces deux époques en partie fictives.
Ce qu'on voit est donc sans surprise. L'animation est soignée. C'est réussi si on aime l'esprit de Kaamelott et donc d'Astier et de sa bande (dont on reconnait plusieurs voix), c'est raté si on n'aime pas cet humour décalé et plein de références contemporaines, et de clins d'oeil cinématographiques faciles à identifier (King Kong, Le Seigneur des anneaux, Avengers, Jurassic Park ...) avec même une audacieuse allusion au général de Gaulle (je vous ai compris).
On peut juste regretter que, pour rester consensuel et accessible aux enfants, l'ensemble reste relativement lisse et pas aussi mordant que dans Kaamelott mais il y a quelques bonnes trouvailles (les esclaves retors, les négociations des soldats avec leur supérieur aboutissant à des "attaquez s'il vous plait" plutôt savoureux)
On l'aura compris, tout en gardant l'idée de départ, Astier a réécrit une partie de l'histoire et il s'en sort plutôt bien à mon avis. On voit bien la dénonciation des petites lâchetés du quotidien afin d'obtenir un bonheur illusoire. Au fond, nous recherchons tous notre domaine des dieux ...
Au final, c'est pour moi une bonne surprise. Goscinny a enfin trouvé un scénariste sinon de son niveau mais qui au moins n'a pas l'indignité de certaines versions. Il y a eu Alain Chabat dont l'Astérix reste inégalé en tant que véritable film avec des comédiens inspirés et des passages cultes. Il y a maintenant Astier qui, s'il ose aller plus loin dans une prochaine version, peut devenir un digne successeur du grand René G. Pour l'instant, c'est déjà un bon début.