Les adaptations de BD ont souvent cette double difficulté qui leur incombe de rester fidèles à l’original, tout en étant elles-mêmes un tant soit peu originales. Un challenge de tous les dangers auquel a souhaité s’essayer Alexandre Astier ce mois-ci en portant à l’écran Astérix : le domaine des Dieux. Pour cela, le comédien a conjugué son talent à celui de Louis Clichy pour assurer la partie animation. Une marmite dans laquelle on ne pouvait que tomber, petit ou non.
J’avais donc cette crainte de trop rester collé au récit original, que je connais par cœur, et qui m’aurait été bêtement récité sans trop de relief pour ne pas perdre les jeunes générations. Pour tout vous dire, le si le début m’a donné cette impression, la seconde partie s’est très vite rattrapée par sa prise de liberté audacieuse avec les cordes du récit, qui allie adroitement rythme et humour, sans oublier de distribuer des baffes un peu partout (tatis).
On reconnaît bien ici la patte d’Astier pour les dialogues, bourrés de références, et qui prêtent souvent à faire rire (mention spéciale à Gandalf ou RTL), dans le même temps que l’on succombe au casting vocal qui œuvre derrière l’écran : Alain Chabat, Elie Semoun, Florence Foresti, Laurent Lafitte, Lorant Deutch, Alexandre Astier, Géraldine Nakache s'en donnent à coeur joie, de même que l’éternel Roger Carel, essentiel pour sa dernière apparition en tant que voix d'Astérix. Bref, toutes les voix mènent à Rome, à l’exception d’Obélix, derrière qui Guillaume Briat (Kaamelott) n’a pas fait grosse impression... (Quoi ? Non personne n'est gros, juste un peu enveloppé...)
De son côté Louis Clichy, connu pour son travail en animation sur des projets de haute envergure comme Là-haut et Wall-E, s’en tire avec les honneurs grâce à un rendu esthétique très propre ainsi qu’à une réalisation très professionnelle, à laquelle je reprocherai cependant un certain manque de fluidité dans le montage. Concernant la 3D, je ne peux me prononcer dessus puisque j’ai vu le film en 2D et je m’en suis très bien contenté. Ce n’est donc pas un argument de poids ici. (Non mais vraiment personne n'est gros !!)
Au final, la question n’est pas tant de déterminer si cet Astérix est un bon film ou non, mais plutôt de savoir à qui il est destiné. Car parmi toutes ces belles références catapultées à un rythme effréné, ce soir dans la salle, là où les adultes ont ri de bon coeur, les petits gaulois étaient bien un peu perdus. A méditer…
Quoi qu’il en soit, voici une animation française qui n’a rien à envier à ce qu’on nous propose outre-atlantique. Ici, la recette est simple : une réalisation soignée, un peu d'humour à la Kaamelott et quelques moustaches bien taillées composent ensemble une potion délicieusement magique en ce mois de décembre, et qui pour le coup devrait plutôt bien s’exporter hors des frontières gauloises. Et ça, j’achète ! Par Toutatis !