Premier épisode de la franchise réalisé en animation 3d, le nouvel Astérix a le lourd devoir de faire oublier les deux précédents opus catastrophiques. Avec son casting voix qui vaut se pesant de sesterces, sa patte visuelle très cartoon et son aigle à deux têtes à la réalisation, ce Domaine des Dieux a tout pour éviter le naufrage.


Dès les premières minutes, on sent le respect de l'œuvre originale. Autant dans le fond que sur la forme. C'est un vrai plaisir de retrouver nos gaulois bagarreurs, ceux des bds et des premiers animés. Quelle joie d'entendre à nouveau le timbre de Roger Carel. Le premier quart d'heure est très fidèle à l'œuvre papier et je prends mes marques en me laissant absorber par le fauteuil.


Même s'il n'a pas l'inventivité et la fantaisie d'un Chabat, Astier réussit le pari d'adapter sans trahir tout en apportant des échantillons de son univers personnel (surtout Kaamelott). L'intrigue du Domaine des Dieux semble parfaite pour accueillir le sens comique et le goût de l'absurde d'Alexandre Astier. Les dialogues fusent, les scènes s'enchainent sans temps morts, tous les personnages arrivent à exister, aucun n'est laissé à l'abandon.


Et cette histoire de l'ogre romain voulant absorber et digérer l'ultime bastion gaulois en l'envahissant de manière douce et sournoise... ne serait-ce pas aussi, celle d'une industrie hollywoodienne sclérosée inondant de ses animés clonés jusqu'à la nausée un hexagone incapable de produire une animation de qualité. Sauf quelques irréductibles, Astierix en tête... S'il n'est pas parfait, cet Astérix là rend hommage à Gosciny et Uderzo sans renier une certaine modernité.


Par contre, une fois la fin de la projection arrivée, je ne peux m'empêcher de regretter un petit manque de folie, comme si Astier était trop admiratif du monument pour oser se l'approprier. Bien sûr, il y a quelques scènes qui portent intégralement la touche de son scénariste, mais si peu au final. Si le Astérix de Chabat n'avait pas su garder "l'esprit" de la bd, chaque scène transpirait de sa personnalité. On ne peut pas accuser Astier de ne pas avoir de personnalité, chaque épisode de Kaamelott le prouve, mais peut-être que son trop grand respect pour l'œuvre l'a empêché de la malmener.


J'ai regretté cette presque absence de second degré, de clin d'œil, de private joke pour connaisseurs, d'anachronismes, de références qui faisaient tout le sel des bds. A quelques exceptions, le film demeure familiale, dans le bon sens du terme et ne recèle que peu de surprise.


Merci à Alexandre Astier qui par son travail a réussi à effacer les calamiteuses dernières adaptations. Gosciny va enfin arrêter de se retourner.

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le 16 déc. 2014

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Alyson Jensen

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