Le premier crédit qu’on peut porter à ce film, descendu à droite et à gauche avec ferveur, est d’avoir tenté un pari qui semblait perdu d’avance. L’adaptation d’une BD est un exercice extrêmement délicat et s’attaquer à un monument de la culture française comme Astérix était une véritable gageure. Le défi n’est pas entièrement relevé mais l’esprit de la BD n’est pas trahi : les personnages sont plutôt proches de leurs modèles tant physiquement (César, Agecanonix et son épouse, Assurancetourix, Obélix, Falbala) que dans le caractère, les décors sont très ressemblants (même si le village transpire le plastoc de partout) et la trame du récit tirée de différents albums assure une transposition la plus juste possible.
Paradoxalement, c’est peut-être cet excès de fidélité qui constitue un des points faibles du résultat. Un film ne peut être une BD et certaines scènes ou idées visuelles se marient assez mal avec le concept mais l'ensemble est servi par des effets spéciaux plutôt réussis. Par ailleurs, si le casting est de qualité avec des noms un peu partout, on pourra regretter que l’ensemble manque d’une direction d’acteurs plus tenue. Chacun semble en effet livré à lui-même et récite sa partition habituelle sans jamais incarner son personnage (excepté Gérard Depardieu). Clavier fait du Clavier, Galabru du Galabru, Piéplu du Piéplu alors qu’on était en droit d’attendre meilleure incarnation. Notons enfin la très piètre prestation de certains acteurs qui surjouent totalement, à l’image d’un Jean-Pierre Castaldi totalement à côté de la plaque.
Ce n’est donc formidable, et Alain Chabat avec Astérix et Cléopâtre fournira un film d’un tout autre acabit, mais le résultat demeure sympathique. La faiblesse des gags et des dialogues fait que ce n’est pas hilarant, loin de là, mais c’est un divertissement agréable qui n’est pas sans mérites. Cela n’a, bien entendu, pas la force d’une BD géniale à bien des égards, mais cela se regarde avec un brin d’indulgence, surtout que le récit, au fil des minutes, se révèle plus trépidant. Le but n'est évidemment pas atteint mais ce n'est pas totalement déshonorant.