Projet ô combien périlleux que de s’attaquer à un film Astérix & Obélix en 2023. D’une, parce que le meilleur à ce jour reste la version culte de Chabat vingt ans plus tôt. De deux, pour l’attachement démesuré des français pour ce monument du patrimoine culturel hexagonal. Homme de défis par excellence, doté d’un fort capital sympathie auprès du public, Guillaume Canet était, sinon le premier, un choix pas si con que ça sur le papier. Sauf que…
Sauf que Guillaume Canet reste ce gars à la filmo très inégale et maladroite, d’où ne ressortent finalement que Ne le dis à personne et Les Petits Mouchoirs (chut je veux rien savoir c’est vous qui avez pas compris le film oui c’est des bobos quadra parisiens qui vont chialer sur leurs petites vies de CSP+ à Arcachon mais c’est justement ce que le film critique ! 😛). Donc, clairement pas le gars à qui il fallait confier ce projet à 65 millions de budget censé ramener les gens en salles.
MALAISE TV
Arrive donc assez logiquement un film boursouflé, malaisant, trop occupé à vouloir ressembler à Mission Cléopâtre et pas assez à travailler la mise en scène de ses dialogues, qui de toute façon sont écrits avec les pieds. Le film trottine mollement au rythme de ses vannes piteuses, chacune attisant la peur d’entendre la suivante. Techniquement, c’est pas mieux : le montage est atroce, le son est bâclé, la photo est absente… Au global, tout se succède platement, sans saveur, sans identité, sans émotion. Enfin, si : le désespoir.
Sans surprise : le casting est ici bien trop indigeste pour pouvoir espérer en tirer profit (à quoi sert le personnage de Jonathan Cohen ?). De toute façon, le nombre de gens qui jouent bien se comptent sur le doigt d’une main, pour la plupart mal servis niveau dialogues. Les bons points vont à Orelsan, Vincent Cassel (j’ai rarement vu quelqu’un jouer aussi bien des répliques aussi nulles) et au duo Canet/Lellouche (ouf !). C’est d’ailleurs, avec la musique signée -M-, le gros point fort du film : jamais la relation entre Astérix & Obélix n’avait été aussi bien traitée. Pas même du temps de Clavier et Depardieu, bien qu’inégalés jusqu’à ce jour.
LE GRAND FOSSÉ
Malheureusement, rien qui ne pourrait rattraper les nombreux symptômes d’un film sans personnalité qui veut beaucoup trop en faire. Astérix & Obélix : L’empire du Milieu est l’exemple parfait du produit d’usine à qui on a voulu faire cocher toutes les cases de « ce que les gens veulent » sans jamais le penser à aucun moment comme un moment de cinéma.
Quoiqu’avant-dernier juste devant la catastrophe Astérix aux Jeux olympiques, ce dernier né reste bien loin derrière les autres opus, et bien plus encore des deux dernières adaptations en date signées Alexandre Astier. D’où cette question : les aventures du gaulois moustachu ne sont-elles désormais solubles que dans le cinéma d’animation ?