5/10, c'est certainement une note élevé pour un tel film, mais je l'avoue, j'ai envie de croire en une possible rédemption de Wes Anderson.
Depuis L'île des chiens j'ai perdu le goût de ces films. Oui, sa grammaire visuelle ainsi que son étalonnage sont la promesse d'obtenir, au moins visuellement, un résultat intéressant à regarder si ce n'est plus. Mais est ce que cela suffit à faire un film ?
Clairement pas, plus pour moi. The French Dispatch m'en avait convaincu tant j'ai détesté ce film, de part son esthétique et sa façon de nous cracher au visage : "ba oui c'est beau... tu comprends rien, oui mais c'est beau et c'est du Wes Anderson et c'est en France, alors tais toi et regarde".
Alors que vaut Asteroïd City? Pour moi, c'est encore problématique car dans le fond le message est un peu le même (comprenais : "C'est beau donc c'est bon").
Visuellement très propre, c'est presque un petit bonbon sucré à regarder. Le réalisateur joue a l’extrême le côté théâtre et tente de revenir à une partition comme Moonrise Kingdom avec son narrateur extérieur et ses musiques enjouées.
Sauf que à force de pousser toujours plus à fond les potards, on se retrouve avec des interprétations totalement désincarnées. Le côté flegmatique des personnages, qui est aussi une marque de fabrique du réalisateur, devient tellement caricatural que, par moment, on pourrait se demander si on assiste pas à un dialogue interprété par deux intelligences artificielles sous prozac.
Mais le vrai souci, à mes yeux, réside dans le récit même. Je suis certainement devenu trop bête depuis Fantastic Mr Fox, car je ne comprends plus les intrigues de Wes Anderson. Et je pense que c'est parce qu'il n'y en a plus. On assiste à une succession de scénette qui s'empile pour former une histoire maladroite... mais qui ne délivre rien. Pas d'enjeu, pas de tension, quelque vague sourire...
Le force d'un Grand Hotel Budapest ou d'un Moonrise Kingdom réside dans l'imbrication de tous ces éléments, une histoire, une musique, une interprétation et une patte graphique qui confère au tout une dynamique et un petit effet Whaou. Et surtout le style Wes Anderson permet alors une meilleur immersion, il permet d'ancrer le récit dans un univers en lui donnant de la cohérence.
Ici c'est l'inverse, le récit est au service du style et de son réal et rien d'autre... L'histoire et l'intrigue s'efface donc pour ne laisser place qu'au visuel, un peu dommage quand on voit ce que Wes anderson est capable de faire.
Outre tous ces défauts, le film réussit néanmoins à tenir quelques moments intéressant tout comme des décors vraiment jolis.
Une phrase à la fin du film m'a fait me demander si Wes Anderson était pleinement conscient de son problème. Je n'ai plus la phrase exacte, mais en gros : Est ce que l'écrivain comprenez ce qu'il écrivait lui même ? Non...
Me voila rassuré alors.