Une œuvre très dense dans le fond, elle s'offre presque comme un film à énigme ; des réflexions profondes sur le deuil, le sens de la vie, l'art et son intérêt... Certains la détesteront et la traiteront sans doute "d'œuvre prétentieuse", d'autre l'adoreront pour ça.
La forme quant à elle est tout aussi excellement bien travaillée (on commence à être habitué de toute manière avec Anderson). Des décors impeccables quoique redondants (pas facile de faire très original à chaque plan quand on est dans un désert), une mise en scène millimétrée etc.
Casting d'exception également, mais qui hélas ne parviendra pas à rendre un seul personnage attachant dû à la froideur de jeu des acteurs - Jason Schwartzman et Scarlett Johansson en deviennent assez insupportables, merci à Tom Hanks à qui étrangement cette technique d'acting va à ravir. On est habitué à retrouver cette raideur dans l'acting des comédiens chez Wes Anderson, mais là ça ne fonctionne pas, même si cela sert le sens de l’œuvre. Par conséquent il est plutôt complexe de rentrer dans le film ; il manque également cruellement de rythme, il y a des lenteurs assez insupportables, surtout dans la première partie du film, qui, il me semble, n'étaient pas nécessaires et alourdissent le tout.
Bref, une œuvre qui ne plaira qu'à un comité très restreint de spectateurs, car elle s'offre pratiquement comme un film d'auteur. Toutefois le métrage saura rester passionnant pour tout spectateur actif à l'âme cinéphile. Un film qui prône habilement le lâcher-prise face à la crise de sens que chacun est amené à rencontrer au cours de sa vie.
I still don’t understand the play
Rien ne sert de se torturer sur le sens de la vie, qu’on l’ait perdu ou même jamais eu ; celui-ci est inaccessible, à l’image de toute réponse qui transcenderait notre condition d’être humain – d’où l’absence totale d’explication aux apparitions de l’extra-terrestre. Il faut s’efforcer de se laisser porter par l’existence et de profiter de ce qu’elle a à nous offrir, car de toute façon
You can’t wake up if you don’t fall asleep
Peut-être qu’un sens supérieur existe, peut-être pas ; mais on ne pourra le savoir qu’en continuant de vivre. Après tout, une fois endormis, sommes-nous certains de nous réveiller ? Nous n’en avons de toute façon pas le contrôle, alors profitons des rêves, de ces choses simples ou complexes qui égaient nos vies, de toutes ces œuvres qui nous transportent ailleurs, car quoi qu’il arrive, nous en ressortirons changés, grandis peut-être.