Chouette film.


Anderson se laisse un peu plus aller j'ai l'impression, il ne cherche plus à répondre à toutes les questions, il se montre de plus en plus expérimental dans sa narration, la fin de ce métrage-ci en témoigne de façon très flagrante. C'est pas plus mal. En même temps, j'ai trouvé que ce film faisait grandement écho à "Rushmore", second film de Wes Anderson, on y retrouve les petits génies, des enfants bizarres, du théâtre et un personnage principal joué par le même acteur. Après, Wes se répète beaucoup de film en film, donc j'extrapole peut-être, mais je ne sais pas, j'ai eu l'impression de retrouver quelque chose de "Rushmore" ici.


Le récit se suit plutôt bien malgré que ce soit très foutraque : on passe d'un personnage à l'autre constamment, ça n'arrête jamais de bouger, et ces personnages ne sont reliés que par le lieu, du coup ça donne un tout assez hétérogène (même si ce sont les thèmes habituels de Wes). J'ai en tous cas apprécié cette histoire même s'il n'y a pas tellement d'enjeux ; disons qu'il est difficile de situer l'élément perturbateur tant les perturbations sont faibles. C'est surtout la rencontre de ces gens qui va leur permettre d'évoluer, l'intervention extra terrestre n'a que peu de conséquences directes.


La mise en scène est très plaisante. Ce jeu de la scène, des lieux (la présentation local au début du film par quelques mouvements de caméra), ce découpage qui participe de la narration et qui est donc réfléchi, ce montage très cut. C'est un film très dynamique bien que les personnages restent au même endroit pendant une semaine. Le réalisateur joue toujours avec la symétrie, mais il inclut également un jeu de lignes obliques, de points de fuite.


Le jeu de couleurs et les décors en font un produit très particulier : on dirait une carte postale vintage. C'est très beau, bourré de petits détails. Le chef op' en joue autant que les acteurs et ça fait plaisir. Le casting passe bien. Et c'est une bonne chose que Bill Murray a choppé le covid, comme ça il a pu être remplacé par Steve Carrel qui propose une énergie différente ; cette énergie donne un nouveau souffle au style de Wes qui accumule un peu trop les performances flegmatiques. Johanson est également un atout, elle est celle qui parvient à glisser une grosse dose d'émotion dans son jeu malgré sa stoïcité.


J'aime beaucoup la liberté de ton de Wes dans ce film qui, pour moi, est une ode à la nouvelle vague malgré les apparences : Parce que tout est volontairement faux mais qu'en plus, Wes joue volontairement avec les faux raccords (lors des discussions de chalet en chalet, Johanson est dans des positions différentes selon qu'elle est filmée de face, de côté ou de dos. Et puis cette séquence du rêve à la fin, ces traveling très rapides.


Enfin il y a la BO ; l'on trouve quelques vieilles chansons mais aussi des morceaux composés qui rappellent les ambiances sonores des 50's et 60's. Il y a aussi ce mixage qui donne l'impression d'une radio fonctionnant dans le fond de la pièce.


Bref, très chouette film.

Fatpooper
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le 12 août 2023

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Fatpooper

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