Film français / Libération / Cahiers du cinéma

Titre volontairement aguicheur ici.

Je n'en ai pas honte.

Non.

Bon, c'est plutôt un bon film avec une belle image bien soignée ; mais infiniment facile par moments. J'entends par là les dialogues, bien trop écrits et ce tout au long du film, morceaux choisis :

« Les enfants, Luc est mort dans la nuit, il ne reviendra pas. On va faire un mot pour l'école mais on va aller à l'enterrement aujourd'hui », dit le père qui vient toquer à la porte de la chambre de ses enfants comme pour leur dire qu'aujourd'hui il pleut. Ok. C'est cool. D'ailleurs à l'enterrement bah personne ne pleure, tout le monde a semble-t-il digéré avec moult sagesse, sont fortiches ces bouseux hein. On n'y croit pas Tudieu ! Faites simple et tout se passera bien, quelques cris étranglés et pleurnichages s'iouplait, si c'est pas trop demander...

Ah oui Luc c'est l'oncle pédophile qui fait passer à la casserole ET l'enfant biologique du couple charismatique et poignant (lol) ET le mauvais rejeton de la DDASS, l'agneau noir, l'Astrakan, comme c'est fin............. Tuez-moi.

Ou sinon le combien savoureux « Il est fou ce gamin, d'habitude je m'en sors bien avec les enfants mais là... Il est pas propre... (*la tension du film se veut grandissante*) / Mais on a besoin de l'argent qu'il nous rapporte. », confessé par la mère d'un air profond et habité. C'est chiant.

Trêve de méchanceté gratuite, ce n'est foncièrement pas mauvais du tout si l'on pratique la contorsion à certains voire franchement trop de passages pour passer outre ce sacrosaint effort de réalisme. Démarche au demeurant sincèrement louable puisqu'elle nous place dans les yeux de l'enfant avec quelques effets et idées franchement bien sentis, mais tout sonne globalement un peu creux, lisse, déjà vu et attendu, éculé et un poil pontifiant.

C'est intellectuel dans le mauvais sens du terme.

Gauche, biscornu disent les jeunes. Quoicoubeh ?

Encore une fois, je crois sincèrement à la spontanéité de la démarche ; mais trop de coups d'épées dans l'eau.

Pourtant, lorsque le film déploie ses panoramas verdoyants et que la parole disparaît, le réel revient comme l'oiseau chanteur se pose sur son tilleul, et vous derrière votre baie vitrée de vous ragaillardir de joie et d'allégresse, tirant des révérences à l'oisillon pour témoigner de votre reconnaissance biblique à sa mère Nature, avec un grand N comme dans Naruto, la con de sa race !

À mon sens subsiste malheureusement une discordance trop criarde entre ce que veut porter le film, avec un thème aussi lourd que tragique qu'est la pédophilie, et ce qu'il en ressort effectivement en termes d'émotions provoquées pour nous autres gueux spectateurs.

Liberté nous est ôtée de partager, de compatir pleinement avec la souffrance de cet enfant tant ce besoin de faire vrai, de sonner vrai a tôt fait de tourner aux mêmes clichés et ritournelles mélancoliques, toujours nimbés de ce voile douteux du cinéma français qui fait et parodie le cinéma français.

Le gamin fume, pourquoi ? Nous n'y croyons pas, ce n'est pas du tout le genre de gamin à fumer, m'enfin regardez comment il tient sa cigarette bon sang ! Alala, dommage.

Mais par dessus-tout je salue tout de même la beauté formelle de ce film, quelques très bonnes trouvailles de mise en scène, des jeunes acteurs parfois dans le juste parfois à côté complet mais cela reste touchant, plus que le propos du film parfois d'ailleurs.

Et puis, lumière dans la nuit, la fin est sensationnelle ! Avec de la grande musique et des gros beaux plans dans ta tronche, ça en jette et ça sauve les meubles bien comme il faut !

Je ne divulgâcherai rien, mais que toute cette brinquebalante et bredouillante machine s'emballe de pareille façon après près d'une heure et demi m'a franchement soulagé.

On finit sur du positif donc, et évidemment, allez voir Astrakan pour vous faire votre avis.

Comme dit Samuel ou José Garcia dans La Vérité si je mens 2 : « Maman ? »

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le 10 févr. 2023

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