La métaphore du titre de ce brillant premier film détient la clé d’entrée dans la vie de Samuel. La scène où les deux parents biologiques sont évoqués devant l’enfant ne quittera pas le film, un des personnages finissant de la même manière que le père. Ce préadolescent taiseux, en quête d’amour, déborde d'énergie qui éclate pleinement lors des plans de séances d’agrès. "Astrakan" s’inscrit dans la tradition d’un cinéma naturaliste, tout en évoquant des problématiques sociétales d’aujourd’hui, mais pour autant il est difficile de le circonscrire dans un temps donné. La présence religieuse qui scande le film semble l’ancrer dans une autre époque, et la ferme des grands parents est filmée comme un Corot. Ce brouillage spatio-temporel atteindra son apogée dès que l’"Agnus Dei" de Bach englobe et sublime cette fin, avec cette scène incroyable de l’agneau noir. Samuel serait un petit frère de "Mouchette" mais qui ferait le parcours inverse ; de non-né, il exploserait de vie.