"Tàr" est la collusion ratée entre la volonté de confronter un vieux monde (une certaine notion de la musique classique) avec l’actuel, biberonné au wokisme. Cela donne, par exemple : "Je ne joue pas Bach parce qu’il est cisgenre et en çà, il ne m’intéresse pas." Soit ce monde régimenté, en permanente évaluation, hiérarchisé, générant toutes sortes de petites intrigues, avec son lot de personnages troubles qui doit donc composer avec une jeunesse talentueuse mais non exempte de tabous. Le film frappe parce que dès le début, on sent que deux forces motrices ne vont pas réussir à aller de pair : L’immense talent de Cate Blanchett, qui incarne ce rôle de cheffe d’orchestre sans faiblir (le film dure 2 h 38), s’oppose à un récit qui a bien du mal s’aventurer au dehors de la salle de concert (Cate Blanchett y est certes magnifiquement filmée) et qui avance, extrêmement bavard, alambiqué, tout en changements de lieux et grandes voitures (toujours de grands volumes !), qui rate son utilisation des nouvelles technologies… (Il y aurait eu pourtant à faire !) Le film s’accroche à son interprète principale (il est frappant combien dès le début, le personnage de l’assistante est perçu comme une traître et combien la compagne de Tàr a bien du mal à exister comme personnage…) ; Il ne se décide pas à mener son histoire vers son dénouement. Pire, il y va à reculons, nous montrant brièvement des scènes cruciales à la compréhension générale. Puis on a presque l’impression d’avoir changé de film, tant le changement géographique est brutal. Il en résulte une accélération de l’action, qui donne lieu à une fin, comme improvisée, et qui laisse pour le coup vraiment pantois.