Un groupe d'enfants croise le peintre en plein exercice, "Mais que peignez vous monsieur ?", "Ce sont des racines", "Quoi des racines ?", les enfant s'agitent moqueurs et ricanent, "N'y touchez pas !" s'écrit Vincent, se débattant pour protéger son œuvre. "Il croit être un artiste, c'est un fou !", s'écrit alors leur maitresse d'école. Vincent arpente la campagne d'Arles, s'allonge puis se barbouille le visage de terre sèche, la caméra s'attarde sur son regard, il a les traits creusés et marqués par la multitude de paysages qu'il a su saisir, oui, c'est bien Willem Vincent Dafoe Van Gogh !
Chaque plan semble aussi travaillé que les tableaux du peintre, la photographie est étonnamment vivante, on entend littéralement le vent souffler sur les champs de blé, le soleil traverse les interstices de son chapeau de paille et vient nous éblouir. On reconnait ici et là, une chaise, un lit, une chambre peinte en jaune, un ciel, un arbre, une église... Un merveilleux film hommage, visuellement riche et texturé, nous transcrivant la saveur et les couleurs de chacune de ses peintures.
Si l'esthétique est irréprochable et inventive, ne tombant jamais dans le cliché, on pourra quand même émettre une réserve quant à la mise en abime du personnage, pour le moins incompréhensible, occultant presque le passage vers la démence. Ses relations épisodiques avec Gauguin, Theo ou le Dr Gachet, le montrant plutôt lucide car conscient de son état. Ou bien était-ce l'intention du réalisateur d'entretenir le mythe, magnifier la beauté plastique des lieux et situations et ne donner aucune interprétation sur sa folie, autre que celle d'un visionnaire incompris.