Une flamme subversive en guise d'héritage

Après le présumé "meurtre" d'Idir, l'embrasement urbain s'épaissit au rythme d'une jeunesse banlieusarde enragée par ce qu'elle interprète comme la troisième bavure policière - celle de trop.

Frères de cité et frères de sang

Les trois frères d'Idir - Karim, Abdel et Mokhtar incarnent les différents profils façonnés par la cité : le paras, le dealer et le jeune délinquant étant à la tête d'une révolte appelant à la revanche par le chaos. Sans prendre le temps du deuil, Karim extériorise sa rage à travers une philosophie incendiaire, vouant une terrible haine envers la police, qu'il assène de cocktail molotov à l'aide de ses frères de cité.

La contagion de la fureur s'établit à la mort de Karim, ce qui rend Abdel incontrôlable : ce dernier s'adonne à des actions brutales et contradictoires. Le paras est prêt à abattre un membre des CRS pris en otage, qu'il s'est auparavant efforcé d'extirper de la banlieue. La furie est effrayante tant elle change le personnage d'Abdel, anciennement raisonné, ce dernier devient une furie assoiffée de vengeance par le sang.

The French Nightmare

Romain Gavras a mis en scène, un décor apocalyptique étendu sur plus d'une heure et demie - les plans-séquences à rallonge nous font virevolter entre les étincelles des mortiers et les rodéos urbains qui filent à vive allure pour mieux riposter.

La vision est cauchemardesque et fait frémir, surtout lorsqu'elle fait curieusement écho à l'actualité. Le réalisateur entreprend une diffusion dénonciatrice de la radicalisation, notamment à travers le personnage de Sébastien, un fiché S, qui attise fatalement la flamme en ouvrant plusieurs bouteilles de gaz, afin de détruire ce qui se consume déjà. De la même façon, la dernière séquence révèle que la mort d'Idir était effectivement un meurtre causé par un groupuscule néo-nazi, revêtant l'uniforme policier occasionnellement. En somme, cette conclusion vient définir le conflit entre la cité et la police comme intense mais vain, profitant aux plus nuisibles.

Finalement, le démantèlement de cette fratrie agit comme une métaphore dans la relation entre la banlieue et l'autorité; la confiance est perdue, la communication est de fait, rompue. Cette rupture étant de surcroît alimenté par une mélodie factieuse, fredonnée par la radicalisation.