Ca c'est du cinéma qui a des choses à dire et à montrer, sans trop en faire.


Le procédé du réalisateur était double : tout faire en plans séquences et avec des gens du crû / du métier. Très peu d'acteurs professionnels ont participé, au profit de vétérans de l'armée ou de locaux ayant un lien avec le métier de leur personnage. Démarche naturaliste ? Pas vraiment. Mais les gens sont à leur place, et à ce stade, plus besoin d'acteur pour s'en satisfaire.


Le film est un assemblage de plans séquences et fixes ( pas même d'usage de travelling comme on pouvait avoir avec Tarkovski ) et montrent le monde tel qu'il est laissé dans la région de l'Ukraine : un paysage complètement mort, cendreux et gris. Le protagoniste est un militaire qui s'entraîne régulièrement avec son ami entre deux sessions à l'usine, où leur vie se déroule désormais. Le suicide de son camarade après qu'on lui ait signalé la possibilité qu'il se fasse virer, et aussi par la délocalisation de l'usine ( par une sorte de super-industriel anglo-saxon, tiens tiens, et le tout dans une séquence en visio-conférence où le bonhomme en gros plan s'adresse à une grande foule amassée, façon 1984 ) l'encourage à se reconvertir comme fossoyeur.


Résolument lent, toute la place est laissée pour les acteurs et pour ce monde qu'on ne découvre pas à coup de coupures de journaux, de montages de journaux télévisés, d'analepses de destructions ( excepté une introduction avec un narrateur qui n'entre pas trop dans les détails ). On constate l'apocalypse passée, et on observe juste des âmes perdues qui tentent de rester en vie, sans trop savoir pourquoi. Le suicide blasé de l'ouvrier achève de donner l'impression que plus personne n'a même la force de crier au moment de mourir.


La photographie embrasse l'ensemble des paysages, des plans, les acteurs sont toujours petits dedans, aucun gros plan, c'est comme observer des tranches de vie dans un zoo, avec ses cadres, en restant derrière les barrières de sécurité.


Un film sur le thème du post-apo qui comprend bien qu'il ne faut pas trop être bavard et laisser les gens se faire leur idée. Pour moi, du grand cinéma.

Grammar-Stalin
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le 21 sept. 2021

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Grammar Stalin

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