Tout juste terminé ce Tome 2. Comme le tome 1, je l'ai mangé d'une traite.
Les journalistes qui se tentent à l'écriture, ça donne souvent des livres inconsistents, inutilement documentés et bêtement descriptifs. Obertone a au moins l'avantage d'une ambition littéraire. Ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, mais c'est loin d'être ce qu'il y a de pire. La lecture est fluide et j'ai suivi toutes les histoires des personnages avec intérêt. Cela fait deux ans que j'avais lu le Tome 1 et j'ai retrouvé tous les personnages sans me perdre, sans devoir me souvenir de qui a fait quoi. Tout est fluide et mieux amené.
De nouvelles intrigues sont mises, des légionnaires désobéissants aux ordres tentent une incursion dans le Califat de Seine-Saint-Denis et subissent un assaut acharné au Palais-Omnisport Paris-Bercy de la part de djihadistes avec plus de gueule que de méthode.
Et, comme le premier tome, j'ai dans l'idée que cette histoire est celle du Colonel avant tout. Un retraité de l'armée, agacé par la bien-pensance, mais trop réaliste pour être simplement haineux, et prenant sous son aile une petite métisse qui voit tout de ses yeux d'enfant. Le dernier humain de cette colonne de barbares.
Vincent Gite ( petit-fils du colonel ) est toujours un monstre froid, "l'extrême-droite assumée et réelle", terroriste de souche, armé, entraîné, son esprit entièrement tourné vers une mission divine de purger la France. Jamais décrit positivement, toujours comme une bête mythologique animé par des ficelles cosmiques.
On suit aussi le trajet d'un nouveau personnage, Donatien, militant adepte d'un lieu de rencontre gay, d'un "safe space" tenu par Roméo ( tenancier de l'espace gay qui mange du gluten en secret et a des gels douche au pH désastreux et pas de quoi faire de gommage au gingembre ) humilié par sa femme ultra-bien-pensante, qui, au fur et à mesure de ses sorties nocturnes dans le froid et la peur, va se découvrir un tempérament d'assassin, de pilleur, et de cynique. Il reniera la bien-pensance en cours de récit et tentera de la retourner pour violer une nana recueillie au hasard dans la rue.
Détailler toutes les histoires serait un peu redondant. C'est pas mal écrit, documenté ( on parle d'anatomie d'une arme à feu quand un personnage en découvre une et l'inspecte / les soldats tirent leurs munitions par calibre et par modèle / etc ) même si ça peut paraître parfois un peu superficiel. Certaines métaphores semblent tomber sur le récit, comme si un professeur allait noter le gars Obertone selon le nombre qu'il arriverait à en faire, avec des points bonus s'il évite de les répéter.
Le récit est toujours entaché dans cette sombre histoire de progressisme, le "très-bien-vivre-ensemble" comme il le dit. Une minorité actuelle bruyante qui justifie tous les crimes portés aux gens mâles cis-blancs hétéro est portée à son paroxysme et domine la France et alentours, oppressant les bonnes gens par des slogans publicitaires criards, "avec de la diversité raciale" etc etc... Bref, la Bien-Pensance règne encore dans les décombres d'un pays mortifère.
Et c'est en premier lieu ce qui est agaçant : on va voir les avis Amazon sur les livres, avec des gens prenant en photo le livre au milieu de couteaux de chasse et de rations de survie ( sérieusement ? ), parlant de "l'histoire qui va arriver bientôt !!!!!!". Faut-il vraiment être aussi lessivé du cerveau que ces ultra-progressistes ( qui, comme par hasard, veulent tous castrer les blancs, détestent les cis et applaudissent des noirs qui tuent et violent "parce que c'est leur émancipation du racisme patriarcal systémique" ) pour croire que ce genre de récit à la moindre valeur réelle ! Non, ce roman est une fiction. Basée sur une société avec ses malades, sur un système corrompu peut-être, ses témoignages, ses "hypothèses du Renseignement Intérieur", mais croire que la France va s'embraser et que les "bons français" ( de souche hein ) vont se laisser tuer par des minorités toutes haineuses et sanguinaires en disant "merci pour votre émancipation"... c'est vraiment voir un monde plus pourri qu'il ne l'est.
Lisez le roman comme une fiction avec une société outrancière, avec un regard au second degré, et ça ira déjà mieux. La note de fin de l'auteur le dit bien, "[je salue] tous ceux qui dans l'ombre ont pu contribuer à l'existence du présent livre - nonobstant peut-être les illuminés qui s'acharnent à le rendre si plausible." Même l'auteur sous-entend l'absence de plausibilité de ce bordel. Sans toutefois nier l'existence d'allumés comme il le décrit... mais ce n'est pas une opinion majoritaire, arrêtez vos conneries.
Votre guerre civile que, pour une raison obscure, vous fantasmez, n'arrivera pas de sitôt. Et si elle arrivait, il sera trop tard pour venir commenter ici.