I'm too high for this shit
Ah, Londres, ses banlieues pourries, les gangs, la weed, les hommes en jaune, et ses aliens. Pour un peu on se croirait dans un remake de Banlieue 13 façon La Horde, mais non Madame, car voyez-vous les anglais ont du talent. Pas celui de bien se faire distribuer en France, certes, mais au moins celui de faire de bons films, et Attack the Block en fait partie.
Porté par un casting de jeunes premiers impeccable, un scénario habile qui sait jouer sur de grosses ficelles pour procurer du fun immédiat et une écriture alternant avec bonheur impros et punchlines détonnantes ("It's raining Gollums!"), le film mélange avec succès comédie et action horrifique dans un produit de divertissement totalement décomplexé. Point de fines réflexions socio-politique ou de profonde psychologie humaine ici, Attack the Block s'assume fièrement comme un bis bourrin mais subtil à la fois.
La différence avec un vrai bis vient de la forme, qui est maîtrisée de bout en bout ici. Le métrage tourne sur un budget relativement modeste, ce qui ne l'empêche d'être vraiment superbe. La mise en scène et la photographie sont d'une justesse impressionnante de la part d'un petit gars venu de la télévision et rappellent bien évidemment Edgar Wright, mais le film se démarque surtout grâce à une utilisation judicieuse des moyens à disposition. Les créatures sont des peluches noires géantes avec des dentiers phosphorescents mais ne font pas cheap pour autant, et les lumières sont employées à bon escient afin d'insuffler une touche apocalyptique réussie à un décor déjà pas très gai à la base. Pour autant, c'est fun, coloré, inventif, et surtout il n'y jamais de faute de goût. Et pour ne rien gâcher, la bande son est très réussie.
On pourra regretter un scénario assez simpliste qui aurait parfois gagné à être un peu plus développé, ou des ficelles assez grosses, mais une fois dans la salle on y fait totalement abstraction, tant le film réussit admirablement à nous entraîner avec lui dans sa folle cavalcade. C'est le popcorn flick par excellence, allégé de tout ce qui rend le genre ronflant (un peu à la manière du Dawn of the Dead de Snyder, avec plus de subtilité toutefois), sans pour autant tomber dans des abysses de crétinité à la Michael Bay. En somme, c'est un peu l'anti-thèse parfaite de Transformers 3, ce qui est génial pour nous mais beaucoup moins pour le film en matière de box-office.