On attendait avec impatience cet curieuse bobine qui avait pas mal fait parler d'elle lors du festival de Venise, et pour cause, on nage en plein dans l'absurdité et l'excentricité, qui se mêlent à un fond dramatique et émouvant.
Une jeune femme de 23 ans, toujours vierge, ne sait pas où elle se situe, révulsée par l'idée de passer par le « piston », et doit, durant ce passage où elle se rapprochera progressivement des hommes, s'éloigner de celui qui l'a accompagné toute sa vie, son père. Jamais l'oeuvre ne s'endort sur un aspect mélodramatique, au contraire, elle use de ces instants décisifs pour nous servir quelqu'un chose de singulier, d'indescriptible, amusant de façon impromptue (les chorégraphies de la jeune femme et sa meilleure amie, servant de transitions, sont aussi étonnantes qu'hilarantes), et nous faisant ressentir de façon ingénieuse cette gêne qui envahit notre héroïne, ainsi que sa perte de stabilité. Une critique légère du XXe siècle est également de la partie, ainsi que de la Grèce elle-même, mais cela ne fera que partie de l'aspect accessoire.

Bref, Attenberg est un film intéressant, troublant, curieux, froid et rétro, et a fortiori réussissant à véhiculer un aspect charnel perturbant, animal, presque palpable, porté par une Ariane Labed d'une justesse et d'une candeur éblouissante. D'abord froide, elle fait évoluer son personnage, qui s'ouvre, et finit par nous séduire grâce à un sex-appeal hors du commun, voire inédit.
Chose qui ne manquera pas d'étonner, c'est l'influence Française qui englobe le tout, que ça soit les tirades servies dans la langue de Molière, tout comme les différents morceaux accompagnant la bande-originale, principalement du Françoise Hardy, dont « Tous les garçons et les filles » ainsi que « Le temps de l'amour ».
Athina Rachel Tsangari, la réalisatrice, s'impose avec ce métrage, et l'on attend de voir ce qu'elle pourra nous proposer par la suite, et peut-être même se rapprocher de Canine (ce qu'elle fait déjà en partie ici), chef-d'oeuvre qu'elle avait co-produit en 2009.
Pour conclure, les friands de films d'auteur trouveront là quelque chose à la hauteur de leurs attentes, doté d'un zeste de fraîcheur non négligeable. Le ridicule et l'absurde auront pour leur part raison de ceux qui étaient à la recherche de chose simples et plus terre à terre.
Mention spéciale pour Ariane Labed, qui n'a pas volé la coupe Volpi au festival de Venise, réussissant à insuffler à son personnage la grâce et la naïveté dont il avait besoin pour prendre vie. Une réelle beauté, un réel talent.
SlashersHouse
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le 10 sept. 2011

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