Alain Delon dans le rôle de l'homme ; les enfants dans le rôle des enfants ; la télévision dans le rôle du bouc émissaire : tels pourraient être les trois points sous lesquels se déclinerait l'étrange argument du film de Serge Leroy, drôle de petit nanar des seventies frenchies.
Assez amusante, souvent volontairement sous-écrite et pétrie d'incohérences narratives cette production française au charme timide mais plutôt efficace annonce relativement tôt la couleur : un refus de se prendre réellement au sérieux, jouant beaucoup sur un mauvais goût pas mal jouissif ( notamment dans la première demi-heure, où la portée subversive du film de Leroy se dévoile de manière assez percutante ) et un jeu d'acteur parfois franchement médiocre. Par ailleurs l'ensemble ne tient pas toujours la route ni même la longueur et le métrage - principalement vendu pour et par Alain Delon - se perd un tantinet dans une certaine forme de remplissage...
Or dans ce nanar pure souche on trouve entre autres choses : un gamin rondouillard gratuitement humilié, condamné à manger des frites surgelées ; une jeune fille inventant des scénarios retords à renfort de couverture ; un garçon façonnant jalousement de prodigieux châteaux de sable ; une petite fillette incapable de ne pas tenir ses promesses et surtout un improbable Delon incarnant un objet vaguement non-identifié ( coiffure décatie, chemise ouverte et croix à même le torse le sombre et bel inconnu passe le plus clair de son temps à siffler des canettes de bière premier prix et à s'émoustiller devant les programmes de deuxième partie de soirée...).
En résulte un p'tit film bien sympatoche, un ( gros ) brin provocateur et pas vraiment bon enfant, dont l'éloquente et brève philosophie prend tout son sens au coeur même de son joli titre. Mignon, méchant, et plutôt marrant !