Le risque principal lorsqu'un brillant réalisateur d'animation s'attaque au film « live », c'est que son univers passe moins bien en images réelles. Sylvain Chomet, cinéaste poétique et attachant, parvient à se sortir du piège avec un certain talent, parvenant une fois de plus à nous offrir quelque chose de singulier et parfois vraiment touchant, que ce soit à travers une histoire étonnante ou une esthétique chaleureuse et vivifiante. Attention : cela ne veut pas dire pour autant qu' « Attila Marcel » atteint le niveau des « Triplettes de Belleville » et surtout de « L'Illusionniste ». Certains moments sont plus faibles, les trouvailles inégales et la magie n'est pas aussi présente qu'elle n'avait pu l'être jusqu'alors chez l'ami Sylvain.
Cela n'en reste pas moins original, parfois drôle et doté d'une pointe de mélancolie à laquelle il est difficile de rester insensible. Toutes les scènes de souvenirs ont ainsi quelque chose de gai et d'un peu triste à la fois, l'œuvre évitant toujours la guimauve ou la bien-pensance pour offrir une réflexion assez profonde et même plutôt subtile. Enfin, difficile d'oublier une galerie de personnages qui pourra parfois agacer, mais tellement singulière, chaleureuse et souvent attachante qu'on préfère garder le côté positif, à commencer par Madame Proust, interprétée par une extraordinaire Anne Le Ny, dont la relation avec Paul est sans aucun doute ce qu'il y a de plus abouti dans le film. Bref, pas un triomphe donc, mais une œuvre élégante et douce, témoignant une fois encore du talent de son auteur : une jolie réussite.