Chaque année, le cinéma russe s'efforce de produire une à deux "superproductions" hollywoodienne visant à concurencer le cinéma américain, au moins domestiquement. Притяжение fait parti du cru 2017. Et c'est médiocre pour les standards américains mais assez bon pour un blockbuster russe.
Pour parler (rapidement) du scénario, un vaisseau extraterrestre tombe sur Moscou en ne faisant (que) 200 morts, et un groupe d'adolescents va s'efforcer de foutre la merde sur une belle amitié intergalactique bourgeonnante.
Le scénario est dans les grandes lignes très convenu. Et il est très drôle de savoir qu'il est sorti 4 semaines après Premier Contact, film traitant dans les grandes lignes, et avec autrement plus de brio, du même sujet.
S'inspirant autant de District 9 que de Contact, Attraction est un film qui cherchera, par l'intermédiaire de la rencontre avec l'alien, à mettre en évidence des problématiques comme la xénophobie, l'amour.
Il s'inscrit à cet égard dans la lignée du cinéma russe contemporain, et on retrouvera les mêmes thèmes et représentations du groupe de potes russe dans la série Netflix Better than Us, dans laquelle une bande de jeune se retrouve dans leur bar avant d'aller casser la gueule à des androïdes (si ça vous rappelle quelque chose...).
Attraction souffira des mêmes afflictions que la série, faiblesse du scénario tout d'abord (j'ai toujours du mal avec un groupe d'adolescent qui arrive à infiltrer une zone sous haute surveillance militaire, ressort scénaristique qui sera en plus réutilisé...), mais aussi relations entre les personnages assez pauvres. L'amitié du début sera très vite oubliée et peut être résumé à une paire d'écouteurs achetés 3€ dans le métro, et on comprend l'intention du réalisateur quand il nous explique les problèmes relationnels entre la fille et son père, mais ça ne fonctionne pas vraiment.
Même le triangle amoureux à parfois du mal à prendre.
Reste quand même de nombreux points positifs, Oleg Menchikov, qui était à son apex pour Soleil Trompeur, reste un grand acteur, Alexandre Petrov, qui jouera dans la très mauvaise série Sparta ensuite est assez convaincant dans son role de gangster ni police ni hooligan, et Rinal Mukhametov est probablement le rayon de soleil du film avec son fabuleux sourire.
Comme d'habitude dans ce genre de film c'est le sous texte du film qui est assez intéressant. Le repli sur soi et le racisme des protagonistes est critiqué et rejoint les nombreuses évocations du refus de la Russie de s'ouvrir aux représentants internationaux. Le rôle de l'armée est secondaire même si le colonel est capable de mettre de côté ses griefs personnels pour être très compétent.
On comprend en fin de compte que seul l'amour peut triompher contre la guerre, seul sentiment capable de tromper l'immortalité. C'est peut être du réchauffé mais ça fait du bien parfois de répéter des lieux communs.
PS: Merci pour ce dialogue "Tu viens d'où ? De la constellation Gemini... Et nous on vient de Chertanovo"