Après le Fyre Festival, il semblerait que faire un documentaire sur ce qu'il se fait de pire en terme de gestion d'évènements soit devenu un bon filon. Les coûts de production sont assez légers, tout le footage d'époque est déjà disponible et vous devez uniquement interviewer une dizaine de personnes, en l'occurence 2 ou 3 participants au festival, l'administration si elle daigne répondre à vos questions, des membres du staff et de la sécurité, et vous pouvez monter un documentaire plutôt décent, d'autant plus si votre sujet est suffisamment sulfureux.
Woodstock 99 est un documentaire comme les américains aiment les faire. Après 2 min de hype, on expose les fondements du désastre avant ensuite de s'enfoncer dans la destruction, la détailler un chouilla et de finir par l'horreur, mais sans la documenter trop, les 10 dernières minutes seront suffisantes.
Il est assez surprenant de voir les organisateurs répondre face caméra, mais on comprend assez vite qu'ils cherchent plutôt à légitimer leurs choix et masquer leur incompétence, avec notamment une relativisation du viol (John Scher est une ordure) en fin de documentaire absolument ignoble.
C'est d'ailleurs pour moi une des limites de ce genre de documentaire à l'américaine, sans narrateur, il devient difficile d'avoir une ligne directrice claire et le spectateur peut assez souvent ne pas lire le sous texte du réalisateur. En l'occurence les violences sexistes sont bien évidemment condamnées mais la parole de l'orga n'est pas vraiment remise en cause à la fin. Les récits sont présentés sans contradictoire.
On pourra aussi parler du traitement de l'image, parfois extrèmement "voyeur". Les condamnations des violences commises sur les femmes du festival sonnent assez faux quand la moitié du docu montre et fait son beurre sur les photos seins nu des femmes. Même les images absolument insoutenables des femmes en train de se faire pincer les seins, les fesses, sans leur consentement nous transforment nous aussi en voyeur pas forcément différents de tout ces fratboys américains, nous aussi nous regardons un documentaire sur ce festival, et nous le regardonss parce qu'il y a du sexe et des sensations, comme les spectateurs du pay per view de l'époque.
Woodstock 99 est un bon documentaire qui peine parfois à traiter son sujet et à faire passer ses idées. Le fait que les personnes interviewées ne soient jamais remise en cause, et qu'ils soient complètement seuls dans leur témoignage pose un problème déontologique. D'autant plus quand on voit ce que la nature humaine et masculine est capable de faire.
Le prochain du genre sera probablement sur Astroworld, mais je ne sais même pas si j'aurai la force de regarder.