En 2021, un documentaire est sorti aux Etats-Unis sur HBO Max, consacré aux événements de Woodstock 99 et j'avoue que ça me donnait plutôt envie de le voir lorsqu'il serait disponible en France. Je ne sais pas du tout si c'est sorti chez nous depuis, mais comme ça se fait parfois, une autre plateforme a exploité le filon pour livrer son propre documentaire, et bien évidemment il s'agit de Netflix (qui avait déjà fait la même chose avec Britney Spears suite au documentaire qui avait cartonné sur Prime Video). Alors comme j'ai Netflix, je me suis pour ainsi dire jeté dessus.
Le fait qu'il s'agisse d'une mini-série est complètement crétin. Déjà que je n'affectionne pas le format série par définition, ici c'est digne d'un documentaire diffusé sur TMC ou d'une émission d'une chaîne privée de manière générale. C'est-à-dire que souvent à la télé, avant la pub on nous montre des extraits de ce qu'on va voir après, et après la pub on nous remontre rapidement ce qu'on a vu avant. L'idée c'est de maintenir le spectateur captif, qu'il ait envie de rester devant son écran. Et au pire, si ce n'est pas le cas, et bien la ménagère a 2 minutes de plus pour finir de faire la vaisselle quand le programme reprend puisqu'elle a déjà vu ce qui passe à l'écran. Quand ce genre de méthodes s'invite sur un service de vidéo à la demande, je trouve ça vraiment idiot. Ça aurait fait un bon film de 2h05, mais à la place c'est une mini-série en 3 épisodes qui va jouer sur le sensationnalisme pour nous donner envie de voir la suite. Et comme vous vous en doutez en lisant à quelle date j'ai écrit cette critique et à quelle date la série est sortie, ça a parfaitement fonctionné sur moi, comble du comble. Mais les méthodes restent dégueulasses.
Ce n'est pas un hasard si je parle de sensationnalisme, on est même presque dans la curiosité morbide lorsqu'il s'agit de s'intéresser au cas de Woodstock 99. C'est un cas d'école qui a redéfini l'organisation des festivals du monde entier, tant cet événement a dégénéré. Mais j'aime bien quelques groupes qui étaient programmés lors de ce festival, alors c'était aussi une excuse pour voir quelques images de leurs prestations.
Mais ce n'est pas de ça dont parle la mini-série, on a uniquement des extraits des prestations où l'ambiance a changé d'un coup dans la foule, et pas un mot concernant celle de certains artistes même s'ils apparaissent sur quelques images. Je pense notamment à Metallica, Rage Against the Machine ou encore The Offspring.
C'est complètement aberrant d'imaginer qu'un festival de cette ampleur ait pu être si mal organisé, et pourtant les organisateurs interviewés semblent ne toujours pas assumer leur immense part de responsabilité alors que les interviews datent de 2021. Heureusement, on a aussi des témoignages de journalistes qui couvraient l'événement mais aussi de festivaliers, de membres de la sécurité, du responsable de l'hygiène sur le festival, en bref des gens plus honnêtes quant aux événements qui se sont produits pendant trois jours.
Hormis les moments de teasing et de recap (comme disent les étasuniens) dont j'ai parlé plus haut, la réalisation est très accrocheuse. C'est assez malsain mais on a toujours cette curiosité de voir de quelle manière ça va empirer, et cette curiosité est systématiquement satisfaite. Ce qui est surtout appréciable c'est que les trois épisodes s'attardent sur cette génération de jeunes, qui n'en pouvait plus de constater amèrement la façon dont MTV a dérivé, qui n'avait plus l'insouciance de leurs parents et surtout une envie de débauche pour extérioriser tout ça au point de n'avoir plus aucun respect pour les autres qui fait froid dans le dos.
En 2022, même avec une organisation aussi calamiteuse, ça ne se passerait pas de la même manière car les mentalités ne sont plus les mêmes (en tout cas j'espère), mais surtout parce qu'on est plus enfermé dans une bulle dans un festival. On a accès à internet, à nos téléphones, et ça donne la possibilité de joindre des proches, d'alerter sur ce qui est en train de se passer. On quitterait les lieux sans doute plus facilement aussi. Cette mise en contexte de l'époque est plutôt pertinente dans la mini-série.