À la fois impatient et légèrement inquiet, je me demandais ce qu'allait pouvoir donner « Au bonheur des ogres », adaptation de l'excellent roman de Daniel Pennac. Comme prévu, le résultat est très inférieur, ce qui fonctionne à merveille en littérature n'ayant pas forcément le même charme au cinéma. Pour autant, malgré quelques passages bien foireux (les scènes fantasmées en premier lieu), il n'est vraiment pas interdit de prendre du plaisir à ce divertissement chaleureux, coloré et sympathique, Nicolas Bary sachant nous prendre dans le sens du poil par certaines situations savoureuses comme par l'univers doux-dingue fidèlement retranscrit ici.
Alors, une fois de plus, cela est moins inventif, pétillant et délicieux que ne pouvait l'être le livre, mais au moins sent-on un réel effort pour nous offrir quelque chose de pêchu, frais, d'autant qu'il est difficile de ne pas s'identifier un minimum à cette famille drôlement attachante. L'intrigue policière aurait eu beau mérité un traitement plus poussé, elle reste convenable et parfois surprenante, tandis que si l'interprétation est parfois décevante (Guillaume de Tonquédec), les premiers rôles assurent, Raphaël Personnaz composant un très crédible Benjamin Malaussène face à une Bérénice Bejo ultra-craquante en journaliste curieuse.
Bref, pas de quoi sauter au plafond, et certains fans de la saga Malaussène ne manqueront pas de faire une comparaison au désavantage du film, mais il serait injuste de ne pas apprécier les réelles qualités d'un divertissement respectueux de son public et dont on sort le sourire aux lèvres : après tout, c'est déjà pas mal.