"Lorsqu'Aliocha - grand, musclé, les cheveux blonds sur le côté, sourire grand comme la place Rouge - et Youssouf - petit, brun, sympathique et rigolo, timide et colérique - débarquent sur cette petite île de la mer Caspienne, ce n'est pas à bord d'un immense yacht comme ces salauds de capitalistes mais accrochés au mat de leur navire emporté par la tempête. Sauvés des eaux par de vieux et généreux pêcheurs, voilà nos deux héros arrivés à destination.

De leurs ordres de missions ils ne restent qu'un tampon sur une feuille effacée par la mer, aucune importance, ils ne rechignent pas face à la tâche nos deux héros, ils ont le coeur stakhanoviste, la conscience du devoir et tout ça ; parce que je ne sais pas si je vous l'ai dit, mais ici c'est le monde merveilleux de Staline, ça travaille dur et ça y met le coeur à l'ouvrage ; d'ailleurs c'est la saison de pêche, là, et le mécanicien - celui qui conduit l'unique mais si puissant navire de pêche mécanisé - vient d'être mobilisé dans l'armée du Pacifique, et c'est pour ça qu'on vous a envoyé Aliocha les camarades !

Forcément, il y a un supérieur dans cette histoire, et la chef, parce que c'est une chef, est une magnifique petite blondinette ; et que demander de pire pour le travailleur qu'une aussi jolie chef ? Hein ? Dans le coeur de nos deux camarades, ça bat comme les choeurs de l'armée rouge et tandis qu'une certaine jalousie s'empare de Youssouf - c'est pas d'chance de pas être le grand blond fort et musclé - déjà Aliocha se laisse emporter par une dépression écrasante !

Rien ne va plus au Kolkhoze de l'amour ! Le travail commence à prendre du retard et à l'horizon, la tempête se lève !"

Je ne sais pas trop, si ça donne vraiment envie, on dirait que je me moque, et je le regrette un peu ; d'un côté le film est drôle comme tout, l'amour y est drôle, la vie au kolkhoze passée au spectre de la propagande ça n'a pas l'air si mal du tout croyez-moi ! On peut critiquer beaucoup rien que sur ce début, et je n'ai pas osé vous raconter la fin - dont la morale, je dois l'avouer, m'a laissé totalement rêveur ! - mais en réalité, il suffit des premières images : de la mer déchaînée filmée avec une vivacité, ou simplement une vie, rare ! Les plans se suivent, s'élancent au gré des vagues, et notre mat, et nos héros, Youssouf et sa balalaïka sur le dos, ballottés par les flots ; les séquences d'ouvertures sont d'une véritable beauté qui ne saurait ravir les amoureux de la mer.
JZD
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le 19 nov. 2012

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J. Z. D.

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