Dans les rues de Conakry, un homme lesté d'une caméra et de matériel de son marche pieds nus. Non, sa quête n'est pas celle d'Antoine de Maximy et il n'a aucune intention de dormir chez l'habitant mais il recherche, lui aussi, des témoignages, dans le but de mettre la main sur la copie d'un court-métrage, Mouramani, qui peut revendiquer le titre de premier film réalisé par un Africain noir francophone, en 1953, et depuis longtemps disparu, Des petites villages de Guinée à Bois d'Arcy, l'inlassable enquête du cinéaste, Thierno Souleymane Diallo, se poursuit, et toujours pieds nus. Au cimetière de la pellicule maintient le suspense mais l'intérêt est plus large, avec le triste constat que le cinéma en salles disparait peu à peu, en Afrique, c'est évident, mais les cinémas indépendants parisiens sont aussi touchés par un phénomène universel. Pétri de bonnes intentions et réalisé avec goût, Au cimetière de la pellicule nous rappelle en creux que le cinéma de l'Afrique subsaharienne n'occupe plus qu'une place mineure dans le concert mondial, hélas. Il est loin le temps où les longs-métrages de Souleymane Cissé, de Idrissa Ouedraogo ou encore de Cheik Doukouré (Guinéen, lui aussi)) faisaient les beaux jours des plus grands festivals européens, Cannes compris.