Un film qui tente de retracer la véritable histoire qui se cache derrière celle de Moby Dick, à savoir le naufrage du baleinier L'Essex au XIXème siècle, attaqué par un énorme cachalot lors d'une chasse à la baleine et les épreuves difficiles que subira l'équipage après le naufrage, qui aura notamment recours au cannibalisme pour survivre.
Ici, nous suivons Melville à la recherche de l'inspiration pour son prochain livre, qui tente d'obtenir le témoignage du seul membre de l'équipage de L'Essex encore en vie, Thomas Nickerson, qui refuse de lui parler de ce qu'il a vu lorsqu'il n'était qu'un mousse en quête d'aventures.
Après quelques réticences, celui-ci finira par lui raconter sa terrible histoire, ce qui est aussi un moyen pour lui de se délivrer de ses cauchemars.
On a donc en parallèle, le déroulement des faits raconté par Nickerson et les discussions entre les 2 hommes.
L'aventure commence de manière relativement joyeuse, avec une représentation de la ville de Nantucket en plein essor, grâce au commerce lucratif de l'huile de baleine, on découvre Owen Chase en route vers son prochain travail, puis tout commence à s'assombrir peu à peu pour lui, étant donné son rang social, il ne peut prétendre être capitaine malgré ses compétences, c'est donc l'inexpérimenté Georges Pollard qui sera le maître à bord.
Après le départ du bateau, quelques tensions apparaissent entre Pollard et Chase jusqu'à cette mauvaise décision de Pollard de traverser une tempête, sans doute motivée par sa jalousie de Chase, afin d'endurcir son équipage et montrer qu'il est le seul chef.
La découverte d'un banc de cachalot, puis la capture du premier animal redonnera de la joie à tout l'équipage et apaisera les tensions entre les deux hommes.
Mais le sang répandu par l'animal lors de sa mort et qui éclabousse tout les hommes, illustre bien le début d'un changement de ton qui surviendra avec l'arrivée de l'animal qui marquera la vie de ces marins, car à la suite de ces deux évènements, la chance les abandonnera pour un long moment.
Ce que j'ai beaucoup apprécié dans ce film, c'est que "le monstre" en question n'est pas omniprésent, ce n'est pas une menace continue comme dans Jaws, il ne fait que défendre ses congénères face à des hommes qui cherchent toujours plus d'huile de baleine.
Puis son rôle change, le sort réservé aux membres de l'équipage dans la deuxième partie du film ressemble à une quête de rédemption imposée par la bête, qui les suivra jusqu'au bout du calvaire.
Ce n'est qu'après toutes les épreuves éprouvantes traversées, particulièrement le fait de devoir manger ses propres camarades morts, que les survivants auront enfin le droit de retourner chez eux après une dernière rencontre avec l'animal qui n'agit plus de manière agressive, mais retourne paisiblement dans la quiétude des profondeurs après un dernier regard vers Chase qui hésite avant de prendre sa décision.
D'ailleurs, ce comportement semble assez proche du véritable cachalot de cette histoire surnommé Mocha Dick, qui pouvait aussi être très calme à côté des bateaux pour autant qu'on le laisse tranquille.
Au final, on se rend compte que ce n'était pas tant l'animal qui causait cette peur et ce mutisme chez Nickerson, mais ce que lui et ses collègues ont fait pour survivre après l'attaque.
Certes, le film n'est pas parfait, j'aurais voulu en savoir plus sur les conditions de vie de l'équipage après le naufrage, notamment sur l'île, connaître un peu mieux chaque membre d'équipage et son histoire, pour avoir non seulement une meilleure représentation de la dureté de cette époque tant pour les hommes que pour les espèces chassées, mais aussi pour aller plus loin dans la suggestion des privations subies par ces personnes.
Malgré cela, ce long voyage au coeur de l'océan était plaisant à suivre pour son histoire mettant en scène un animal mythique et pour l'aventure tragique de ces marins.